Souvent accusés de ne se servir de leur poste que pour profiter du maximum de privilèges, reléguant au second plan les préoccupations des citoyens, les élus estiment n'avoir pas les coudées franches que leur garantissent pourtant les textes. Le citoyen, sceptique quant au rôle des élus, va jusqu?à la remise en cause des Assemblées. Il ne croit pas ou presque au travail d?un élu, encore moins à l?efficacité de son action. Car au lieu de régler les problèmes des citoyens et de venir à bout de leurs souffrances, certains élus ne sont intéressés que par l?enrichissement personnel et les privilèges que leur procure la fonction. Pour ceux-là, la vie d?un citoyen constitue le dernier de leurs soucis. Pour les autres, honnêtes ? ils sont nombreux d?ailleurs ?, la mission d?élu est noble. Et le sens d?un mandat a beaucoup d?importance, car il s?agit de la confiance que leur accorde le citoyen. Les défaillances des Assemblées élues ont été mises à nu au cours de la dernière décennie, marquée par l?insécurité et la misère. Durant cette période où l?abus de pouvoir est devenu une règle de fonctionnement chez certains, des milliers d?Algériens se sont adressés aux autorités, souvent par voie de lettres ouvertes parues dans la presse nationale, dans l?attente du règlement de leurs problèmes. Si la règle démocratique veut que les citoyens soient représentés par des comités de quartier, de village ou de la ville, chez nous, malheureusement, la plupart de ces comités souffrent du problème de légitimité et de représentativité. Pis, certains membres de ces comités utilisent ces cadres de revendications pour nouer des relations avec les élus et les autorités publiques afin de bénéficier de privilèges. Pour porter leurs revendications, les citoyens contournent souvent les comités et frappent aux portes des mairies en espérant trouver une écoute. A cet effet, les APC et les APW réservent deux journées par semaine pour recevoir le citoyen. Si cette pratique revêt une importance capitale chez des élus consciencieux, elle n'est que simple formalité pour les autres. Les citoyens, quant à eux, las d?attendre des réponses à leurs doléances, qualifient ces réceptions de «poudre aux yeux». A ce sujet, Nadir Benmamar, président de l?APC de Timezrit, dans la wilaya de Béjaïa, déclare : «La réception des citoyens dans ma commune se fait presque tous les jours. Les gens nous posent des problèmes de la vie quotidienne : chômage, logement, AEP, voirie, sport, culture? Nous essayons de répondre à leurs doléances, même si les moyens sont minimes et parfois inexistants.» Pour notre interlocuteur, «la majorité des communes, dont la nôtre, est déficitaire. Je représente une commune de 30 000 habitants avec un budget ne dépassant pas les 3 milliards de centimes.» M. Benmamar conclut : «Ecouter le citoyen c?est bien, le soutenir moralement c?est aussi bien, mais ce n'est pas suffisant. Le citoyen attend de nous du concret. Pour cela, l?Etat doit apporter de l?aide aux communes pauvres pour arriver à faire face à toutes les situations.»