En tenant le congrès extraordinaire du FLN, Ali Benflis a fait exactement le contraire de ce que Abdelaziz Belkhadem voulait faire depuis qu?il a été mandaté par la président de la République pour assurer le «redressement» du parti et dont la mission principale est d?annuler les recommandations du 8e congrès tenu en mars 2003 et par ricochet affaiblir davantage le secrétaire général. Sept mois après le congrès, Benflis a non seulement été plébiscité comme candidat du FLN, mais a surtout resserré les rangs de sa formation dont il vante aujourd?hui les mérites d?être sous les feux des projecteurs, même en étant la cible de tirs nourris de tout bord. Quelques jours auparavant, Belkhadem avait annoncé, dans les colonnes d?El Chourouq, un journal arabophone, que «le FLN ne sera plus jamais comme avant». Stratégies opposées, visions différentes, les deux hommes ont néanmoins une chose en commun : ils savent tous les deux que le FLN doit changer et qu?en fin de compte, la présidentielle ne s?avère qu?un tremplin pour opérer un recyclage sans grands frais et que cette grande man?uvre ne pourrait être opérée qu?au prix de grands sacrifices. Car quoi qu?il advienne, le FLN a tous les atouts pour demeurer, après le scrutin pour un long bail encore, le parti qui fera la pluie et le beau temps dans les deux Chambres, au niveau des institutions et dans les collectivités locales. Mais quel FLN ? Celui de Benflis ou de Bouteflika ? Si le FLN de Benflis a réussi à écarter la menace qui planait sur le congrès après la décision jeudi du tribunal d'Alger demandant son interdiction, c?est parce qu?il ne veut plus être enclin à rester sur la défensive et subir éternellement les assauts d?un président décidé à aller, s?il le faut, jusqu?à une crise institutionnelle qui lui ouvrirait les portes du triomphe. En accusant le chef de l'Etat et ses «courtisans» (entendre Belkhadem) d'un «complot prémédité et programmé contre le parti», Benflis avoue, là, une sorte de paternalisme contesté depuis longtemps par ses rivaux, ceux-là mêmes que le SG accuse de dresser des obstacles «sur son chemin». Benflis et Belkhadem jouent le même jeu : le recyclage du FLN sur fond de marketing politique. Le subconscient des Algériens est tellement sollicité par ce saupoudrage FLNien qu?il serait invraisemblable d?y être indifférent le jour du scrutin.