La relation entre la chanson bédouine et le chaâbi a été mise en exergue par l'universitaire Amar Belkhodja, lors d'une conférence animée mardi soir au Palais de la culture, dans le cadre de la célébration du Mois du patrimoine. «On retrouve les mêmes qacidas, aussi bien chez El Hadj M'hamed El-Anka que chez cheikh Hamada. Ce sont les poètes qui nourrissent la chanson populaire», a indiqué l'orateur mettant en valeur la richesse de la musique traditionnelle algérienne qui «comporte même des octaves». «La musique chaâbie puise dans le patrimoine populaire», a-t-il dit relevant que des textes tels que Meriem, El-Ouacham du poète Bensayeb et Kahl el'ouyoun sont chantés à la fois par des interprètes du chaâbi et du bédoui. «L'interprète est un trait d?union entre le poète et la société», a souligné l'intervenant, ajoutant que le chanteur, lors de ses prestations, «perpétue le nom du poète» et «participe à la propagation de ces beaux textes, porteurs de valeurs», citant les thèmes de la fidélité au pays, la sagesse, la solidarité et l'amour d'autrui. Le conférencier préfère, par ailleurs, «porter une terminologie nouvelle» pour réfuter certains concepts, tels que le «melhoun apporté par certains littéraires pour dire que la poésie ne répond pas aux normes grammaticales de l'arabe». «Même si la phonétique des mots ne correspond pas à l'étymologie, les termes utilisés dans la musique populaire gardent des attaches avec la langue littéraire», a affirmé Belkhodja qui préfère remplacer le mot «bédoui» par «chanson populaire traditionnelle» car celle-ci utilise des instruments traditionnels tels que «El-galal» (tambourin) et deux flûtes. Sur la situation actuelle de la musique populaire, le conférencier a déploré «son déclin» tout en rappelant cependant «la force» de la parole et l?«esthétique» dans ce genre musical. «Il y a cependant un sauvetage des textes par la chanson chaâbie», a estimé Belkhodja «regrettant», par ailleurs, «l'explosion» du rai «une musique pauvre sur le plan texte». «Mis à part la rythmique, le rai n'a rien apporté sur le plan de l'esthétique, de la beauté du texte, de la pratique de l'instrumentation et de l'émergence de virtuoses», a-t-il conclu.