Seulement deux musiciens occupant sobrement la scène à demi-éclairée, dans un climat tamisé : un guitariste au doigté de grande classe et un trompettiste au souffle charnel. Seulement, deux instruments qui, dans un accord idoine de notes, laissaient échapper dans un élan sensuel, une musique dépouillée de toute ornementation superflue. Eric Le Lann à la trompette et Nelson Veras à la guitare nous ont transportés, samedi, lors d'un concert à la salle Ibn Zeydoun (Riad-El-Feth), jusqu'au Brésil. Ils ont interprété les somptueuses mélodies d'Antonio Carlos Jobim, le père de la bossa nova, une musique souple, raffinée aux sons ensoleillés. C'est effectivement dans un univers serein, épuré, aérien et charnel que le public, très nombreux, est resté attentif, à l'écoute de chaque mouvement, de chaque intonation, de chaque grattement des cordes de la guitare, ou encore de chaque souffle que dégageait la trompette. L'association des deux instruments fait que les sonorités s'emmêlent ingénieusement, avec harmonie, et agissent agréablement sur l'ouïe. Ainsi, pendant près de deux heures, Eric Le Lann et Nelson Veras ont gratifié le public d'un jeu subtil, d'une grande sensibilité. Un jeu fort en émotions. Ils ont joué inlassablement, et inlassablement le public écoutait, savourait un jazz à l'accent brésilien, un jazz doux, feutré.