Résumé de la 79e partie n L'héritier au trône, Daoul'makân, écoute avec un grand intérêt les enseignements du grand vizir qui l'exhorte à faire preuve de noblesse et de sagesse pour réussir son règne. Et le grand Al-Iskandar aux Deux Cornes réunit un jour son kâdi, son cuisinier et son scribe principal ; et il dit à son kâdi : «Je t'ai confié la plus haute et la plus lourde de mes prérogatives royales. Aide donc l'âme royale !» Et il dit à son cuisinier : «Je t'ai confié le soin de mon corps, qui désormais dépend de ta cuisine. Sache donc le traiter avec un art sans violence !» Et il dit à son scribe principal : «Quant à toi, ô frère de la plume, je t'ai confié les manifestations de mon intelligence. Je t'adjure de me transmettre intégral aux générations, au moyen de ton écriture !» Et la jeune fille, ayant dit ces paroles, ramena son voile sur son visage et recula parmi ses compagnes. Alors s'avança la seconde adolescente qui avait... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vient le soir, elle dit : «Le vizir Dandân continua de la sorte». Alors s'avança la seconde adolescente, qui avait un regard éclairé et un menton fin et divisé d'un sourire, et elle baisa sept fois la terre entre les mains de ton défunt père, le roi Omar Al-Némân, et dit : «Sache, ô roi fortuné, que Lokmân le Sage a dit à son fils : ”O mon fils, il y a trois choses qui ne peuvent être contrôlées que dans trois circonstances : on ne peut savoir qu'un homme est vraiment bon que lors de sa colère, qu'un homme est valeureux que lors du combat, et qu'un homme est fraternel que lors de la nécessité !” Et le tyran ou l'oppresseur est torturé et expiera ses injustices, malgré les flatteries de ses courtisans ; tandis que l'opprimé, malgré l'injustice, sera sauf de toute torture. Et ne traite point les gens d'après ce qu'ils disent, mais d'après ce qu'ils font. Et, d'ailleurs, les actions elles-mêmes ne valent que par l'intention qui les inspira ; et chaque homme sera jugé d'après ses intentions, et non d'après ses actions. Sache aussi, ô roi, que la chose la plus admirable en nous, c'est notre cœur. Et comme on demandait, un jour, à un sage : ‘'Quel est le pire des hommes ?'', il répondit : ''C'est celui qui laisse le mauvais désir s'emparer de son cœur. Car il perd toute virilité.” Et comme le dit le poète, d'ailleurs fort bien : ”La seule richesse est celle recelée dans les poitrines. Mais qu'il est difficile d'en trouver le chemin !” «Et notre Prophète (sur lui la paix et la prière !) a dit : ”Le véritable sage est celui qui préfère aux choses périssables les immortelles.” On raconte que l'ascète Sabet pleura tellement que ses yeux furent malades ; alors on appela un médecin qui lui dit : ”Je ne puis te traiter, à moins que tu ne me promettes une chose.” Il répondit : ”Et quelle chose ?” Le médecin dit : ”De cesser de pleurer.” Mais l'ascète répondit : ”A quoi donc me serviraient mes yeux si je ne pleurais plus !” «Mais, ô roi, sache aussi que l'action la plus belle est celle qui est désintéressée. On raconte, en effet, que dans Israël il y avait deux frères ; et l'un de ces frères dit un jour à l'autre : ”Quelle est l'action la plus effroyable que tu aies jamais faite ?” Il répondit : «C'est celle-ci : comme je passais un jour près d'un poulailler, je tendis le bras et je saisis une poule, et, l'ayant étranglée, je la rejetai dans le poulailler. C'est là, la plus effroyable chose de ma vie. Mais toi, ô mon frère, qu'as-tu fait de plus effroyable ?” Il répondit : ”C'est d'avoir fait ma prière à Allah pour lui demander une faveur. Car la prière n'est belle que lorsqu'elle est la simple élévation de l'âme vers les hauteurs.”» (à suivre...)