Danger n L'étude comportementale sur le VIH/sida et les professionnels du sexe en Algérie tire la sonnette d'alarme quant à la propagation de cette maladie. Bien que la situation épidémiologique du VIH/sida en Algérie ne soit pas alarmante actuellement, le risque d'une explosion épidémique n'est pas à écarter, ont estimé, hier, à Alger, les organisateurs de l'atelier de validation de l'enquête nationale sur le travail du sexe. Cette enquête, réalisée par l'association Aids Algérie, dans le cadre d'un projet de partenariat avec le Fonds des Nations unies pour la population (Fnuap) et appuyé par Onusida, se tourne vers un sujet toujours tabou dans notre société qui est la prostitution, comme vecteur important de la propagation de l'épidémie. Alors que sur le plan quantitatif, l'enquête révèle que les données sont sous-évaluées (700 cas de sida et 1 908 cas de séropositifs au 31 décembre 2005) sur le plan qualitatif, l'absence d'étude socio-comportementale ne permet pas d'avoir une vision claire sur l'évolution de cette maladie dans notre pays, selon les spécialistes présents à cette rencontre. Autre fait mis en exergue par cette recherche, la stabilité relative que connaît cette maladie au nord du pays où il n'y a pas d'introduction du VIH dans la population générale. En revanche dans le Sud, la problématique semble être tout autre, confirment les données recueillies dans la wilaya de Tamanrasset notamment. Cette enquête a pour but d'assurer finalement la prévention, les soins et l'appui psychosocial pour tous sans exclusion du fait du statut socio-économique de cette frange de la population touchée par la maladie. Cette démarche est considérée par M. Debernis, représentant des Nations unies en Algérie, comme «une étape importante dans la connaissance du phénomène pour mieux cibler la réponse à apporter à ces personnes, ainsi qu'à leur entourage». Parallèlement à cet objectif, les résultats de cette enquête, première du genre, permettent, selon le directeur du projet Adel Zeddam, de «proposer aux décideurs un cadre d'action plus global qui prend en considération les déterminants socio-économiques qui sont la base de la vulnérabilité des différents groupes de la population à l'épidémie du VIH en particulier les professionnels du sexe». Il convient de noter à ce titre, que la majorité des travailleuses et travailleurs du sexe a eu des trajectoires familiales brisées : violences, terrorisme, précarité et isolement social, peut-on lire dans les résultats de ce travail de recherche. Par ailleurs, il est établi que la transmission du VIH/sida est, à près de 60 %, due aux relations sexuelles non protégées. A cet effet, il a été convenu, dans le cadre du programme de coopération entre le ministère de la Santé, les institutions onusiennes et l'association Aids Algérie, de stopper définitivement cette épidémie à l'horizon 2015. Djamal Ould Abbas, ministère de la Solidarité nationale, présent lors de la validation de cette enquête, a fait état de l'intérêt que porte son département à la lutte et à la prévention du sida, annonçant dans ce sillage la disponibilité du ministère à financer les activités initiées dans ce sens par cette association.