Résumé de la 82e partie n Dans le sillage de Sagesse, les jeunes filles continuent à se succéder devant le nouveau roi. A chaque passage d'une d'entre elles, un silence religieux s'installe. Mais Moussa fut très affecté et ne voulut point d'abord la suivre ; puis il finit par s'y décider. Et il marcha derrière elle. A ce moment de sa narration Schahrazade vit apparaître le matin et se tut discrètement. Elle dit : Il m'est parvenu, ô roi fortuné, que la cinquième adolescente continua ainsi : Or la jeune bergère avait de belles formes. Mais Moussa, craignant que la tentation ne devînt trop forte, dit à la jeune fille : «Laisse-moi plutôt marcher devant toi.» Et la jeune fille, assez étonnée, vint marcher derrière Moussa. Et ils finirent tous deux par arriver à la maison de Schoaïb. Et lorsque Schoaïb vit entrer Moussa (sur eux deux la paix et la prière !) il se leva en son honneur et, comme le dîner était prêt, il lui dit : «O Moussa, qu'ici l'hospitalité te soit large et cordiale pour ce que tu as fait à mes filles !» Mais Moussa répondit : «O mon père, je ne vends point sur la terre, pour de l'or et de l'argent, des actes qui ne sont faits qu'en vue du jugement !» Et Schoaïb reprit : «O jeune homme, tu es mon hôte et j'ai coutume d'être hospitalier et généreux envers mes hôtes ; et c'était d'ailleurs aussi la coutume de tous mes ancêtres. Reste donc et mange avec nous.» Et Moussa resta et mangea avec eux. Et à la fin du repas Schoaïb dit à Moussa : «O jeune homme, tu demeureras avec nous et tu mèneras paître le troupeau. Et au bout de huit ans, pour prix de tes services, je te marierai avec celle de mes filles qui était allée te chercher à la fontaine.» Et Moussa, cette fois, accepta et se dit en lui-même : «Maintenant que la chose devient licite avec la jeune fille, je pourrai m'y attacher.» Il est raconté qu'Ibn-Bitar ayant rencontré un de ses amis, celui-ci lui dit : «Où étais-tu donc tout ce temps que je ne t'ai point vu ?» Ibn-Bitar dit : «J'étais occupé avec mon ami Ibn-Schéab. Le connais-tu ?» Il répondit : «Si je le connais ! Il est mon voisin depuis plus de trente ans. Mais je ne lui ai jamais adressé la parole.» Alors Ibn-Bitar lui dit : «O pauvre homme, ne sais-tu donc pas que celui qui n'aime pas ses voisins n'est pas aimé d'Allah ? Et ne sais-tu pas qu'un voisin doit autant d'égards à son voisin qu'à son propre parent ?» Un jour Ibn-Adham dit à un de ses amis qui revenait avec lui de La Mecque : «Comment vis-tu ?» Il répondit : «Lorsque j'ai à manger je mange, et lorsque j'ai faim et qu'il n'y a rien je patiente !» Et Ibn-Adham répondit : «En vérité, tu ne fais pas autrement que ne font les chiens du pays de Balkh ! Quant à nous, lorsque Allah nous donne notre pain nous le glorifions et lorsque nous n'avons rien à manger nous le remercions tout de même.» Alors l'homme s'écria : «O mon maître !» Et ne dit pas autre chose. On dit que Mohammad ben-Omar demanda un jour à un homme qui vivait dans l'austérité : «Que penses-tu de l'espoir qu'on doit avoir en Allah ?» L'homme dit : «Si je fonde ma confiance en Allah, c'est à cause de deux choses : j'ai appris, par expérience, que le pain que je mange n'est jamais mangé par un autre ; et je sais, d'autre part, que si je suis venu au monde, c'est avec la volonté d'Allah.» (à suivre...)