Résumé de la 43e partie n Margaret Langley est certaine de l'innocence d'Eleanor Brown. Elle arrive à en convaincre Pat. Pat regarda l'autre lettre que tenait Margaret. «Elle vous a écrit après sa disparition ? — Oui. Il y a six ans, j'ai reçu ceci.» Pat prit la lettre. Les caractères étaient à moitié effacés, le papier bon marché. Eleanor écrivait : «Chère Mademoiselle Langley. Je vous en prie, comprenez qu'il est préférable que je n'aie plus aucun contact avec le passé. Si on me retrouve, il faudra que je retourne en prison. Je vous jure que je n'ai jamais touché à cet argent. J'ai été très malade, mais je m'efforce de reconstruire ma vie. Certains jours se passent bien. Il m'arrive de croire que les choses peuvent s'arranger. A d'autres moments, j'ai horriblement peur, je tremble à l'idée que quelqu'un me reconnaisse. Je pense souvent à vous. Je vous aime et vous me manquez.» La signature d'Eleanor était hésitante, les lettres irrégulières – ce qui faisait un contraste frappant avec l'écriture ferme et élégante de la première lettre. Il fallut tout le pouvoir de persuasion de Pat pour obtenir de Margaret Langley qu'elle lui confiât les lettres. «Nous avons l'intention d'inclure le procès dans l'émission, dit-elle : même si Eleanor est reconnue et dénoncée, peut-être pourrons-nous faire rétablir sa libération conditionnelle. Ensuite, elle n'aura plus à se cacher pour le restant de ses jours. — J'aimerais la revoir», murmura Margaret. Ses yeux brillaient de larmes contenues, à présent. «Elle m'est aussi chère que si elle était ma propre enfant. Attendez, laissez-moi vous montrer sa photo.» Sur l'étagère du bas de la bibliothèque s'entassait une pile d'albums. «J'en possède un pour chacune des années que j'ai passées à l'école, expliqua-t-elle. Mais j'ai gardé celui d'Eleanor sur le dessus de la pile.» Elle feuilleta les pages. «Elle a terminé ses études il y a dix-sept ans. N'est-elle pas charmante ?» La jeune fille sur la photo avait des cheveux fins, sans éclat, des yeux doux au regard innocent. La légende indiquait : «Eleanor Brown. Passe-temps favori : peinture. Ambition : secrétaire. Activités : chant. Sports : patin à roulettes. Avenir : assistante d'un cadre supérieur, mariée jeune, deux enfants. Prédilection : parfum Soir de Paris.» «Mon Dieu, laissa échapper Pat, comme c'est cruel ! — Oui. C'est pourquoi j'ai voulu qu'elle s'en aille.» Pat secoua la tête, et son regard se posa sur les autres albums. «Attendez, dit-elle. Auriez-vous par hasard l'album où figure le sénateur Jennings ? — Bien sûr. Voyons… il devrait être quelque part par là.» Le second album que compulsa Margaret Langley était le bon. Sur cette photo, Abigail était coiffée à la Jeanne d'Arc. Elle écartait légèrement les lèvres, comme si elle avait consciencieusement suivi les conseils du photographe pour sourire. Ses yeux, grands et frangés de cils épais, avaient un regard calme, insondable. La légende indiquait : «Abigail Foster (Abby). Passe-temps favori : assister aux séances parlementaires. Ambition : politique. Activités : participation aux débats. Avenir : deviendra représentante d'Apple Junction à l'Assemblée. Prédilection : tous les livres de la bibliothèque.» «Représentante à l'Assemblée, s'exclama Pat, c'est extraordinaire !» (à suivre...)