Résumé de la 144e partie n Sam Kingsley, qui soupçonne que Willard Jennings aurait été victime d'un attentat, se renseigne auprès de Larry Lagiottes sur le pilote de l'avion, Georges Graney. Sam demanda : «Larry, dans la mesure du possible, j'essaye d'épargner au sénateur Jennings l'embarras de voir cette affaire revenir sur le tapis — et, bien sûr, j'étudierai le rapport moi-même, mais laissez-moi vous poser franchement une question : y a-t-il le moindre doute sur les qualités professionnelles de George Graney ? — Pas le moindre. Il possédait des états de service remarquables. Il avait été dans l'aviation de chasse pendant la guerre de Corée, puis il avait travaillé pour United pendant deux ans. Piloter ce genre d'appareil était pour lui un jeu d'enfant. — Et son matériel ? — Toujours dans le meilleur état. Ses mécaniciens étaient parfaits. — La veuve de Graney a donc une raison valable de s'émouvoir à la pensée que son mari a porté le chapeau dans cet accident.» Larry souffla un rond de fumée de la taille d'une soucoupe. «Bien sûr, qu'elle a une raison — et plus que valable encore !» A 16h 10, Pat parvint à joindre Sam d'une cabine téléphonique située dans le hall de l'immeuble du Câble du Potomac. Sans faire allusion à leur dispute, elle lui parla d'Eleanor. «Je n'ai pas pu l'en empêcher. Elle était décidée à se livrer à la police. — Ne vous inquiétez pas, Pat. J'enverrai un avocat la voir. Vous en avez pour combien de temps au studio ? — Je ne sais pas. Avez-vous lu Le Tribune aujourd'hui ? — Juste les titres. — Lisez les pages des rubriques. Une chroniqueuse mondaine que j'ai rencontrée l'autre soir a appris où j'habitais et elle a ressorti toute l'histoire. — Pat, je ne bouge pas de chez moi. Venez me retrouver en sortant du studio.» Luther l'attendait dans son bureau. Elle s'était attendue à être traînée dans la boue. Il resta seulement sur la réserve. «Le tournage à Apple Junction s'est bien passé, lui dit-il. Il y neigeait hier et ce trou sinistre ressemblait au rêve américain. On a pris la maison des Saunders, l'école avec la crèche devant la porte, et la Grand-Rue avec son arbre de Noël. On a accroché une banderole sur la façade de la mairie : ”Apple Junction ville natale du sénateur Abigail Foster Jennings.”» Luther tira sur sa cigarette. «La vieille dame, Margaret Langley, nous a donné une bonne interview. Le genre bon chic bon genre et suranné. La voir parler de l'élève studieuse qu'était le sénateur tout en montrant l'album annuel ajoutera une note sympathique.» Pat s'aperçut que sans en avoir l'air, Luther avait pris à son compte l'idée de filmer Apple Junction en introduction. «Avez-vous visionné ce que nous avons tourné hier soir et ce matin ? demanda-t-elle. — Oui. Ça va. Vous auriez pu en mettre un peu plus sur Abigail en train de travailler à son bureau. La séquence du dîner de Noël est parfaite. — Vous avez sûrement lu le Tribune d'aujourd'hui ? — Oui.» Luther écrasa sa cigarette dans le cendrier et en prit une autre. Sa voix changea. Des taches rouges révélatrices apparurent sur ses joues. «Pat, auriez-vous la gentillesse de dévoiler votre jeu et d'expliquer pourquoi vous avez répandu cette histoire ? — Pourquoi j'ai répandu quoi ?» (à suivre...)