Reconnaissance n En trois jours, la cité des Sitifis a vécu l'un de ses moments les plus émouvants en fêtant et en rendant un vibrant hommage à l'un de ses meilleurs fils : j'ai nommé Abdelhamid Kermali. Un nom connu et respecté par tous et à travers tout le territoire national, voire au-delà de nos frontières pour ce qu'il représente et pour tous les symboles qu'il charrie. Abdelhamid Kermali, un des meilleurs joueurs que la terre d'Algérie ait mis au monde et a enfantés, a été fêté dignement dans sa ville de toujours, Sétif. Si le joueur a été exceptionnel, l'homme du devoir brave et militant, Kermali a été aussi un entraîneur dont le nom est intimement lié à deux titres majeurs, les seuls d'ailleurs, que l'Algérie du football a pu glaner en 44 ans d'indépendance : le championnat d'Afrique des juniors en 1979 et la CAN-90 avec les A. Deux titres qui rappellent un tant soit peu que le technicien algérien a existé, existe et existera toujours, même si aujourd'hui il ne trouve pas égard, reconnaissance et gratitude auprès de certains. Longtemps doyen des entraîneurs, l'homme à la vieille casquette vissé sur sa petite tête a réussi à redonner au football ses lettres de noblesse en contrepartie de la passion qui l'a toujours rongé. Cheikh, comme aime bien l'appeler beaucoup, est ce nom que donnent tous nos footballeurs à leurs entraîneurs. Cheikh, qui veut dire maître, comme à l'école ou au chaâbi. Cela inspire le respect, la connaissance, l'éducation, les bases de la vie et tant d'autres sciences et vertus véhiculées par cet homme. Et la reconnaissance faite à Kermali par le président de la République en personne et à travers lui tous ceux qui ont suivi le même itinéraire est loin d'être fortuite. Il est donc temps de réhabiliter ce métier d'entraîneur que l'Algérie du football a galvaudé au point de presque le perdre, incitant certains hauts responsables à des poussées de fièvre pour le jeter en pâture ou en le dénigrant de n'avoir pas le niveau requis. L'Algérie accuse un déficit énorme dans ce domaine de la technique avérée. Quatre mille postes à pourvoir, selon les chiffres de la FAF, c'est dire l'effort à accomplir pour redonner à notre sport roi l'assise qui lui manque pour retrouver sa place parmi les meilleurs de cette planète. Formons les meilleurs entraîneurs qui nous donneront les meilleurs joueurs de demain, donnons aux jeunes catégories, depuis l'école jusqu'à la classe espoirs, les meilleurs techniciens formateurs qui puissent exister. Offrons-leur des salaires décents et incitatifs à faire leur métier dignement et passionnément. Mettons à leur disposition des terrains pour travailler afin d'accomplir les volumes horaires prescrits dans les cursus de formation. Enfin, soyons patients avec eux et surtout respectons-les pour les sacrifices qu'ils doivent faire pour anoblir ce métier et le rentabiliser. Je me souviendrai longtemps de cette phrase d'Aimé Jacquet, quelques secondes après le coup de sifflet de France - Brésil de 1998 qui consacra les Bleus champions du Monde, qui, en pleine euphorie, a gardé toute la lucidité pour rendre hommage en premier à tous ces entraîneurs et éducateurs des petits villages les plus éloignés ou des quartiers défavorisés pour leur travail de titans. A travers Kermali, le maître, c'est tout le métier d'entraîneur qui est salué. Alors merci Cheikh pour ce que vous avez donné à notre football, pour les immenses joies que vous nous avez procurées. C'est avec respect et gratitude que nous nous inclinons devant votre talent et votre savoir. Vous, Abdelhamid Kermali, l'ancien footballeur et combattant de la première heure. Vous, Abdelhamid éducateur et formateur d'hommes. Vous, Abdelhamid Kermali entraîneur de football.