Résumé de la 57e partie n Pat rentre chez elle après avoir dîné avec Sam Kingsley. Le téléphone sonne : c'est Lila Thatcher, sa voisine, une voyante, qui veut la rencontrer immédiatement. Lila Thatcher portait ses lunettes accrochées à une longue chaîne d'argent autour de son cou. Distraitement, elle les prit dans sa main droite et se mit à en tapoter la paume de sa main gauche. «Je ne dispose moi-même que de quelques instants. J'ai une réunion dans une demi-heure et je dois prendre un avion pour la Californie demain tôt dans la matinée. C'est pourquoi je me suis permis de vous téléphoner. Ce n'est généralement pas dans mes habitudes. Toutefois, en mon âme et conscience, je ne peux partir sans vous avertir. Savez-vous qu'il y a vingt-trois ans, un meurtre, suivi d'un suicide, a eu lieu dans la maison que vous louez ? — On m'en a parlé.» C'était la réponse la plus proche de la vérité. «Cela ne vous fait rien ? — Madame Thatcher, beaucoup de maisons à Georgetown doivent avoir à peu près deux cents ans. Des gens sont sûrement morts dans chacune d'entre elles. — C'est différent.» Sa voix se fit plus rapide, traversée d'une pointe de nervosité. «Je me suis installée ici avec mon mari un an ou presque avant le drame. Je me souviens de la première fois où je lui ai dit que je sentais une atmosphère ténébreuse autour de la maison des Adams. Pendant les mois qui ont suivi, cette sensation est réapparue par intermittence, mais à chaque fois, elle était plus prononcée. Dean et Renée Adams formaient un couple très séduisant. Il était magnifique, un de ces hommes qui exercent une séduction irrésistible, qui attirent immédiatement l'attention. Renée était différente : silencieuse, réservée, une jeune femme très secrète. J'avais l'impression qu'être l'épouse d'un homme politique ne lui convenait pas et que leur mariage en souffrait inévitablement. Mais elle était très amoureuse de son mari et ils adoraient tous deux leur enfant.» Pat écouta sans bouger. «Quelques jours avant sa mort, Renée m'a dit qu'elle allait retourner en Nouvelle-Angleterre avec Kerry. Nous nous trouvions devant votre maison et je ne peux vous décrire le sentiment d'angoisse et de danger qui m'a envahie. J'ai tenté de prévenir Renée. Je lui ai dit que si sa décision était irrévocable, elle ne devait pas attendre plus longtemps. Et ça a été trop tard. Je n'ai plus jamais ressenti la moindre prémonition concernant votre maison jusqu'à cette semaine. Mais maintenant, tout recommence. J'ignore pourquoi, mais je ressens la même chose que la dernière fois, une obscurité qui vous enveloppe. Pouvez-vous quitter cette maison ? Vous ne devriez pas y habiter.» Pat formula sa question avec soin. «Avez-vous une raison particulière, à part cette atmosphère qui entoure la maison, pour me conseiller de ne pas y rester ? — Oui. Il y a trois jours, ma femme de ménage a remarqué un homme qui traînait dans le coin. Puis elle a vu des empreintes dans la neige le long de votre maison. Nous avons pensé qu'il s'agissait peut-être d'un rôdeur et nous l'avons signalé à la police. Nous avons à nouveau vu des empreintes hier matin, après la chute de neige. L'individu qui rôde par là ne va jamais plus loin que les grands rhododendrons. De derrière, on peut surveiller votre maison sans être vu de vos fenêtres ou de la rue.» (à suivre...)