Résumé de la 3e partie n Démence meurtrière ou désir d'affirmer son existence au sein d'une société qui l'ignore. Rémy a réussi à convaincre la police d'avoir commis l'assassinat. Et pourquoi aurait-elle lavé un blouson qui ne portait pas de traces de sang ? Elle n'en sait rien. Comme ça, pour ne pas contrarier Rémy. Et pourquoi n'a-t-elle rien dit de tout cela à personne ? Nul n'ignorait, dès le lendemain, l'assassinat de Martine et les neuf coups de couteau... Elle n'y croyait pas ? Elle ne voulait pas se mêler d'une histoire pareille ? Bon. Reste la mère de Rémy, qui aurait déclaré au juge d'instruction au moment de l'arrestation de son fils : «Je me doutais depuis quelque temps qu'il avait fait quelque chose de grave.» Mais elle retirera ce commentaire à l'heure du procès, en préférant un autre : «Mon fils est un bon garçon, il n'a pas pu tuer quelqu'un.» Car l'heure du procès est enfin venue : mars 1993, quatre ans et demi après la mort de Martine. Rémy a vingt-quatre ans, elle aurait dû en avoir vingt-deux. Avant les assises, Rémy a été jugé pour sa bagarre avec un voisin, et relaxé. Un psychiatre l'a estimé en état de démence ce jour-là. Le jour précisément où il a interpellé un commissaire de police pour s'accuser du meurtre de Martine. Ce qui voudrait dire qu'il s'est accusé d'un crime en état de démence ? Non, le ministère public fait appel et le psychiatre revient sur sa première estimation. Il ne s'agit plus alors de démence, au moment où il a agressé son voisin, mais d'un état de violence dû à l'alcool et à la drogue très précisément d'une «bouffée délirante» : Rémy n'était dément que momentanément. Nuance. Car dans ce cas, Rémy est reconnu responsable, avec circonstances atténuantes, d'avoir cogné sans motif sur le voisin, et donc condamné devant le tribunal de Bobigny pour voies de fait. Va-t-il renouveler ses aveux concernant la mort de Martine ? Non. C'est la troisième problématique de l'aveu. Il revient sur sa déclaration, en racontant ainsi l'affaire : il est entré dans le pavillon pour cambrioler, il connaissait cette maison puisqu'il avait travaillé juste en face durant quinze jours. Mais il n'a pas tué Martine. Il prétend qu'elle était déjà morte lorsqu'il est entré dans la salle de bains. Ce serait donc un cambrioleur précédent qui aurait tué la jeune fille de neuf coups de couteau, mais pas lui. Dans ce cas, pourquoi s'est-il attribué le meurtre auprès de son complice ? Pourquoi a-t-il jeté le couteau dans un fourré ? D'ailleurs, pourquoi va-t-on cambrioler avec un couteau si l'on n'est pas prêt à céder à n'importe quelle pulsion mortelle ? L'accusation maintient — sur la base des aveux — sa position sur la présence du couteau, sur la réalité des confidences faites à ses copains. La défense, elle, entend faire comprendre aux jurés que ce garçon est un affabulateur, un psychotique, un halluciné, un dépressif et que ses aveux font partie de ce théâtre permanent dans lequel il vit. Il aurait donc raconté des histoires à son complice, raconté des histoires à son amie, le 15 août 1988, et à nouveau raconté des histoires un peu plus tard à un commissaire qui passait par hasard... (à suivre...)