Résumé de la 63e partie n Au moment d'aller se coucher, Pat fait une découverte macabre : une poupée ensanglantée, posée à l'endroit où, des années auparavant, on l'avait, elle aussi, retrouvée, inanimée… Et la poupée ? Bouleversante pour Pat à cause du souvenir qu'elle évoquait, mais rien de plus en réalité qu'une poupée en chiffon avec une tête peinte avec un goût douteux. De plus près, elle avait un aspect étrange plutôt qu'effrayant. Même le tablier plein de sang pouvait représenter une tentative grossière pour provoquer l'horreur. Si j'étais chargée d'écrire un papier là dessus, je publierais demain une photo de cette poupée en première page du journal, pensa-t-elle. Le hurlement de la sirène de police la décida. D'un geste prompt, elle détacha le billet et le posa sur le manteau de la cheminée. Se précipitant dans la bibliothèque, elle tira le carton de dessous la table et y fourra la poupée. Le tablier macabre lui souleva le cœur. Le carillon de l'entrée sonnait, ferme, continu. Sur une impulsion, elle dénoua le tablier, le retira et l'enfouit tout au fond du carton. Sans lui, la poupée ressemblait à un enfant qui a du chagrin. Elle repoussa le carton sous la table et se hâta d'aller ouvrir aux policiers. Deux voitures de police, gyrophares étincelants, stationnaient dans l'allée. Une troisième voiture les avait suivies. Pourvu que ce ne soit pas la presse, pria Pat. Mais c'était elle. Le carreau cassé fut pris en photo, le jardin fouillé, les meubles du salon recouverts de poudre à empreintes. Fournir une explication pour le billet ne fut pas facile. «Il était épinglé sur quelque chose, fit remarquer un policier. Où l'avez-vous trouvé ? — Ici même, près de la cheminée.» C'était relativement vrai. Le journaliste était envoyé par le Tribune. Il demanda à voir le billet. «Je préférerais qu'on ne le publie pas», demanda instamment Pat. Mais il eut l'autorisation de le lire. «Que signifie "dernier avertissement" ? interrogea le policier. Aviez-vous reçu d'autres menaces ?» Sans mentionner l'allusion faite à «cette maison», Pat relata les deux appels téléphoniques, la lettre qu'elle avait trouvée le premier soir. «Celle-ci n'est pas signée, constata le policier. Où est l'autre ? — Je ne l'ai pas gardée. Elle n'était pas signée non plus. — Mais au téléphone, il s'est présenté comme un ange vengeur ? — Il a dit quelque chose comme : ”Je suis un ange de miséricorde, de délivrance, un ange vengeur.” — On dirait un vrai dingo», commenta le policier. Il considéra Pat avec insistance. «Bizarre qu'il ait pris la peine de rentrer par effraction cette fois-ci. Pourquoi ne pas glisser la lettre sous la porte à nouveau ?» Consternée, elle vit le journaliste griffonner quelque chose dans son calepin. Les policiers se disposèrent enfin à partir. Toutes les tables du salon étaient maculées de poudre à empreintes. La porte-fenêtre donnant sur la cour avait été fixée avec du fil de fer afin qu'on ne pût l'ouvrir avant le remplacement du carreau. (à suivre...)