Commémoration n A l'occasion du cinquantième anniversaire de l'exécution des deux condamnés à mort Ahmed Zahana dit Zabana et Abdelkader Ferradj, une table ronde a été organisée, hier, au siège du journal El-Moudjahid. Les intervenants à cette rencontre, animée par le collectif des avocats du FLN en présence du ministre de l'Emploi et de la Solidarité nationale, de maître Zertal, avocat de Zabana, ainsi que du président de l'Association des condamnés à mort et ancien condamné à mort, Mustapha Boudina, ont tenu à rectifier l'appellation de la commémoration de la Journée nationale précisant qu'il ne s'agit pas seulement de Zabana mais bien de la Journée nationale des 199 condamnés exécutés par les autorités françaises, fixée le 19 juin. Dans son intervention, M. Boudina, président de l'Association des condamnés à mort, a donné le chiffre de 1 800 condamnés à mort, sortis des geôles françaises en 1962 dont 1 000 sont toujours en vie alors que 800 sont morts après l'indépendance, ainsi que des 199 exécutés. Après avoir longuement passé en revue les conditions de détention, le courage et la foi des révolutionnaires algériens, Boudina a exprimé sa détermination à confondre les bourreaux du peuple algérien et à participer au colloque qui sera organisé à Lyon (sud de la France) qui traitera de l'histoire de la France et de l'Afrique du Nord et les méfaits de la colonisation pour rappeler aux historiens l'histoire de l'exécution de Zabana, qu'il a qualifiée de miracle ; puisque le bourreau Meissonier à dû s'y prendre à trois fois pour que la tête du chahid tombe. Le président de l'Association des anciens condamnés à mort a précisé que les combattants algériens ne bénéficiaient pas des lois de la convention de Genève et étaient considérés comme des prisonniers de droit commun. Il a clos son intervention en assimilant le colonialisme au fascisme et à l'apartheid et en demandant aux concernés d'écrire l'histoire de l'Algérie depuis 1830. Le second intervenant fut Me Zertal, avocat du martyr Zabana et son compagnon de la dernière heure, qui a insisté sur le caractère miraculeux de l'exécution ; le couperet qui n'a tranché la tête du héros qu'à la troisième reprise ; et du courage de ce dernier qui voulait se présenter à la guillotine les poings non liés et sans cagoule exprimant comme dernière volonté de faire une prière. Ce qui ne lui a été accordée qu'après l'insistance de Me Zertal. L'avocat a précisé qu'en ce qui concernait la justice française le verbe restait sans puissance, et que quand le verbe était sans puissance, il fallait aller sur le terrain vu que les combattants algériens considéraient la guillotine comme une humiliation et que seule la mort par balle était honorable. A signaler que cette rencontre a été organisée par l'association Machaâl Al-Chahid en collaboration avec l'Association nationale des condamnés à mort et le quotidien El-Moudjahid. Y étaient présents des condamnés à mort qui ont évoqué les conditions de détention, dont Ould Abbas, le ministre de l'Emploi et de la Solidarité, condamné en 1958 à Tlemcen, comme il l'a rappelé lui-même.