Résumé de la 5e partie n Francis reconnaît avoir commis le meurtre. Il ne se rappelle pas où il a enterré le cadavre de sa victime. Il explique que son geste est dû à son état dépressif. Mais dans toute l'histoire, il n'a pas retrouvé sa chaussure ; le mocassin vert, enfoui dans la boue, attend patiemment de servir la justice. C'est un promeneur et son chien qui retrouveront la sépulture de la jeune femme, par hasard et bien des mois plus tard. Rongée par les bêtes, identifiable grâce à son short couleur fuchsia. Morte deux fois, un 14 août 1989, trois fois même : étranglée d'abord, ignorée par les passants ensuite, la gorge tranchée enfin par un couteau de cuisine. Pourquoi ? Parce que c'était une femme et aussi, dit son assassin en s'accrochant à une image certaine, parce qu'il avait rencontré un jour l'amour de sa vie juchée sur une bicyclette. Le vélo aurait fait un flash à cet instant, en pleine douleur d'abandon, dans la tête de ce jeune homme impuissant à contrôler seul une situation aussi banale qu'une rupture amoureuse. Une enfance solitaire en pension, une adolescence difficile devant les jeunes filles de son âge, une humiliation permanente qui éclate brutalement un jour et tue au hasard. Les jurés ont écouté ce jeune homme et ses incohérences, sa passion démesurée pour une femme infidèle, sa colère soudaine, sa décision inconsciente de tuer une femme pour se venger de toutes... C'est, ainsi résumé, ce qui ressort des arguments de la défense. L'accusation demande la réclusion à perpétuité, mais le garçon y échappera. Clémence qu'il doit surtout à une brillante plaidoirie fondée sur l'accès de folie pure, et non sur le crime sexuel ou prémédité, ceci pour la première agression. Pour la seconde agression, définitive, c'est l'affolement... Quinze ans. François en aura pour quinze années de prison. La famille de la jeune et jolie Anglaise qui se promenait sur son vélo bleu, en short rose, au milieu de la France profonde, entend le verdict et s'en étonne dignement. Ils espéraient une sanction plus lourde. Longtemps, durant cette longue enquête, ils avaient aussi espéré que la jeune femme était vivante. Puis espéré qu'avec les aveux de l'assassin, le corps leur serait rendu très vite. Ils ont dû attendre encore et encore — la longue enquête, les aveux, I'incertitude de la sépulture sauvage — jusqu'au jour de la découverte macabre d'un chasseur et de son chien. Leur douleur et leur humiliation à eux, leur désespoir ne peuvent accepter cette clémence. Mais le verdict est rendu, ils ne le commenteront pas devant la presse française autrement que par leurs larmes. Père, mère, frère, mari, ils sont dignes, ils ont écouté poliment les débats, qui ne leur rendront pas cette jeune femme dont ils ont parIé avec amour, respect et pudeur. Ils réservaient leurs commentaires à la presse de leur pays. Le frère, seul, a crié à François au début de la première audience : «L'enfer t'attend.»