Comme la précédente en Corée du Sud et au Japon, la Coupe du monde en terre allemande aura montré un visage inédit avec la présence de nations comme le Ghana, l'Equateur, l'Australie ou l'Ukraine en huitièmes de finale aux côtés des habituels mastodontes. L'un de ses quatre mousquetaires de l'autre monde est déjà éliminé, l'Equateur, sorti par l'Angleterre qui a dû solliciter son joueur de charme David Beckham pour débloquer une situation presque inespérée. Deux autres nouveaux débarqués, l'Australie et l'Ukraine, tenteront, cet après-midi et ce soir, de créer la sensation en défiant respectivement la redoutable Squadra Azzura et l'ambitieuse Suisse dans des confrontations autant inédites qu'indécises. Tout comme les Helvètes vis-à-vis de leurs adversaires ukrainiens, les Italiens ont tout intérêt à se méfier de ses Socceroos qui leur font rappeler un certain huitième de finale d'il y a quatre ans contre la Corée du Sud et un certain Jung-Hwan Ahn. Ce joueur se souviendra toute sa vie de ce jour mémorable où, après avoir loupé un penalty en début de partie, a inscrit le but en or, en prolongation qui a disqualifié l'Italie. Malheur lui en prit, car à peine l'exploit réalisé, le joueur apprenait que Luciano Gaucci, président de Perugia, son club, le congédiait sans aucun préavis ! Pour cette fois, les Transalpins peuvent se rassurer car la stupide loi du but en or a été remise au grenier par la Fifa, mais ils auront tout de même à surveiller deux joueurs qui évoluent dans le Calcio, les deux Parmesans Grella et surtout Bresciano très en verve depuis le début du Mondial. Les Ukrainiens, mi-froids mi-énigmatiques, défendront pour la première fois les couleurs Bleu et Jaune de leur pays, indépendant depuis 1991, même si, par le passé, nombreux ceux issus de cette ex-République d'URSS avaient disputé la Coupe du monde sous la bannière rouge frappée de la faucille et du marteau. Toujours est-il que les hommes de Blokhine, Ballon d'Or 1975, devenu depuis un sélectionneur respecté, ont une belle carte à jouer puisqu'en cas de qualification ce ne sera qu'un bonus pour eux. En attendant, par ailleurs, la sortie du Ghana demain contre l'intouchable Brésil, deux quarts de finale sont déjà connus et confirment la tendance lourde des favoris à ce stade de la compétition. Le premier quart est, à lui seul, une finale avant la lettre puisqu'il met aux prises deux anciens vainqueurs qui comptent, à eux deux, cinq titres (trois pour les Allemands et deux pour les Argentins). Le second n'est pas, non plus, loin du premier, même si seuls les Anglais comptent un trophée qui a besoin d'être dépoussiéré puisqu'il date déjà de quarante ans. Coïncidence également : la meilleure performance des Portugais remontent à quarante ans, soit en 1966 où ils échouèrent en demi-finales sous l'emprise de leur légendaire Eusebio. En résumé donc, avec l'Italie (trois titres), le Brésil (un cinq majeur) et la France (1 trophée), on risque de se retrouver avec quinze titres en quarts de finale sur les dix-sept déjà joués, où seul un ancien vainqueur, l'Uruguay (1930 et 1934), semble avoir disparu du cercle très restreint des lauréats. C'est dire qu'il y a de fortes chances que celui qui brandira le trophée en or le 9 juillet prochain soit un habitué du podium. ? moins que l'autre monde n'en décide autrement, histoire de briser l'hégémonie de sept nations en 76 ans de phases finales.