Ses yeux clairs brillent comme une luciole qui éclaire les âmes égarées. Sur son visage blanc se dessine cette tristesse sépulcrale qui emporte ceux qui osent se perdre dans l?expression de ses regards d?enfant. Mohamed se love sur les larges divans de sa nouvelle maison au village. Son corps famélique se perd dans les creux du fauteuil marron, il semble si heureux, il commence à s?épanouir ! Pourtant à son âge, il traîne derrière lui un passé douloureux ! Après le divorce de ses parents, son père s?est envolé en France l?abandonnant à sa grand-mère. Quelque temps après, sa mère, une toxicomane, le reprend à sa belle-mère, sous prétexte qu?il va passer des jours de vacances avec elle, mais ce n?était qu?un subterfuge pour «kidnapper» son fils et ne plus donner signe de vie. Visiblement maltraité, Mohamed s?enfuit de la maison maternelle, emportant son sac à dos. Les policiers l?ont recueilli un certain soir, errant seul dans les grandes ruelles d?Alger ; il pleurait, abattu. Il est placé momentanément à SOS Village. Un appel est lancé à travers la télévision pour retrouver sa famille. C?est là que sa grand-mère reconnaît son petit-fils et le reprend. Ne supportant certainement pas cette vie de solitaire, surtout après avoir vécu la chaleur et la fraternité dans une famille SOS, il s?échappe de nouveau. La police le retrouve dans la rue, et, une deuxième fois, il est placé au Village d?enfants, pour ne plus en sortir cette fois. Actuellement, il a une vraie famille et même huit frères et s?urs, avec lesquels il joue de longues heures durant ; il retrouve enfin cette enfance qu?on lui a arrachée et qu?il est allé rechercher dans la rue. Sa chambre est pleine de peluches, de petits bébés et des jouets qui jonchent le sol. Selon sa mère SOS, il se sent bien et heureux. Il n?évoque presque jamais ses parents. Son aventure digne de celle du Petit Poucet s?achève au village où il réapprend à vivre.