«Il ne faut compter que sur soi-même. Et encore pas beaucoup.» Tristan Bernard «Moi faire crédit, toi pas payer, moi fâché. Moi pas faire crédit, toi payer ! alors toi fâché.» Pancarte chez un épicier Partout dans le monde, depuis les pays hyper-développées jusque dans les contrées les plus reculées, la parole donnée a valeur d?argent, et même plus. Dans le milieu des affaires jusque dans la vie de tous les jours, comme lorsque l?on doit se fiancer, se marier, réparer sa voiture, faire crédit chez l?épicier, emprunter de l?argent, recourir aux services d?un maçon, d?un peintre? les gens savent qu?ils peuvent compter sur les autres sans avoir à payer comptant ni à donner un chèque, mais juste leur parole. Chez nous aussi, il y avait des commerçants qui réalisaient des affaires énormes et engrangeaient des bénéfices substantiels sans débourser un seul centime. En s?engageant avec une simple poignée de main. Mais si, au cours de la transaction, des événements survenaient qui compromettaient l?affaire et risquaient de ruiner celui qui s?était engagé, ils ne faisaient néanmoins pas volte-face et continuaient d?assumer comme s?ils avaient payé rubis sur l?ongle. Il y avait aussi des gens qui recouraient au crédit chez l?épicier, chez le boucher, pour habiller leurs enfants ou pour leurs affaires scolaires. C?était une pratique généralisée, mais tout le monde tenait parole et payait à échéance. Les mauvais payeurs perdaient toute considération au sein de leur entourage. On ne s?engageait pas à la légère et on ne profitait pas de la confiance des autres pour vivre au-dessus de ses moyens. Une histoire vraie mérite d?être racontée. Un artisan marseillais avait vendu toute une manufacture de chaussures à un Algérien, à crédit et à très bas prix, se contentant de la parole de celui-ci de payer dans un mois et d?enlever en même temps le matériel. Le lendemain, un concurrent de notre compatriote, qui avait entendu parler de cette aubaine, se présente chez le Marseillais et lui offre de lui payer au comptant le double de ce qui avait été entendu et d?enlever le matériel sur-le-champ. Le vendeur lui expliqua qu?il était le premier à regretter de ne pas pouvoir accepter puisqu?il avait donné sa parole. L?autre insista et fit remarquer à notre Marseillais que tant qu?il n?avait pas reçu d?arrhes, il était de son droit de changer d?avis, que de toute façon le premier acheteur n?avait aucune preuve et qu?il n?avait qu?à se taper la tête contre le mur, s?il voulait. Le Marseillais le regarda avec des yeux ronds et le pria de déguerpir en lui disant : «Je n?ai qu'une seule parole, monsieur !»