Résumé de la 131e partie n Le prince Diadème avait remarqué la présence d'un beau jeune homme à la mine triste. Ce dernier exprima sa déprime par des vers. Mais le beau Diadème dit au bel Aziz : «Par Allah ! Je veux tout de même que tu me la montres !» Et il obligea le jeune Aziz à s'asseoir à côté de lui sur le tapis de soie et à lui étaler, pièce par pièce, toute sa marchandise. Et le prince Diadème, sans même examiner les belles étoffes, les lui acheta toutes sans compter, et lui dit : «Maintenant, Aziz, si tu me racontais le motif de tes peines.... Je te vois les yeux en larmes et le cœur affligé. Or, si tu es opprimé, je saurai châtier tes oppresseurs ; et si tu es endetté, je paierai tes dettes de tout cœur. Car voici que je me sens attiré vers toi, et mes entrailles brûlent à ton sujet !» Mais le jeune Aziz, à ces paroles, se sentit de nouveau suffoqué par les sanglots, et ne put que chanter ces strophes : «Ah la coquetterie de tes yeux noirs allongés de khôl bleu ! Ah ! La flexibilité de ta taille droite ! Ah !… Le miel de ta bouche ! ! Ah ! Allah ! T'espérer m'est plus doux qu'au cœur du condamné l'espoir du salut ! O nuit !» A ce chant, le prince Diadème se remit, pour faire diversion, à examiner une à une les belles étoffes et les soieries. Mais soudain, d'entre les étoffes tomba de ses mains une pièce carrée de soie brodée que le jeune Aziz aussitôt se hâta de vivement ramasser. Et il la plia en tremblant et la mit sous son genou. Et il s'écria : «O Aziza ma bien-aimée ! Les étoiles des Pléiades sont plus faciles à atteindre ! «Sans toi maintenant où irai-je, désolé ? Et comment supporter désormais ton absence qui me pèse, alors que je puis à peine supporter le poids de mes vêtements ?» Lorsque le prince vit ce mouvement effaré du bel Aziz et entendit ces derniers vers, il fut extrêmement surpris et, à la limite de la curiosité, il s'écria... A ce moment de sa narration, Schahrazade, la fille du vizir, vit s'approcher le matin et, discrète comme elle était, ne voulut pas abuser de la permission accordée. Alors sa sœur, la petite Doniazade, qui avait écouté toute cette histoire en se retenant de respirer, s'écria de l'endroit où elle était blottie : «O ma sœur Schahrazade, que tes paroles sont douces et gentilles et pures et délicieuses au goût et savoureuses en leur fraîcheur ! Et que ce conte est charmant et tous ces vers admirables !» Et Schahrazade lui sourit, et dit : «Oui, ma sœur ! Mais qu'est cela comparé à ce que je vous raconterai à tous deux la nuit prochaine, si je suis encore en vie par la grâce d'Allah et le bon plaisir du roi !» Et le roi Schahriar dit en son âme : «Par Allah ! Je ne la tuerai point avant d'avoir entendu la suite de son histoire, qui est une histoire merveilleuse et étonnante en vérité, extrêmement !» Puis il prit Schahrazade dans ses bras. Et tous deux passèrent le reste de la nuit jusqu'au jour. Après quoi, le roi Schahriar sortit vers la salle de sa justice ; et le diwan fut rempli de la foule des vizirs, des émirs, des chambellans, des gardes et des gens du palais. A suivre