Résumé de la 104e partie n Pat et Luther Pelham arrivent à convaincre le sénateur Jennings que l'épisode de la photo doit être mis à profit en raison de l'audience du National Mirror, vu son fort tirage. Toby dut se ranger à l'avis de Pelham. Qu'on le veuille ou non, les dégâts étaient faits. Soit l'émission était réalisée en incluant Apple Junction et le concours de beauté, soit elle aurait l'air d'une farce. «Vous ne pouvez pas prétendre ignorer cette couverture du National Mirror, n'avait cessé de répéter Pelham à Abby. Ce journal est acheté par quatre millions de lecteurs et en touche bien plus. Dieu seul sait combien ! Cette photo va être reproduite dans toute la presse à sensation de ce pays. Il faut décider de ce que vous allez leur dire à titre d'explication. — Leur dire ?, s'était exclamée Abby. Je leur dirai la vérité : mon père était un ivrogne et la seule chose sensée qu'il ait jamais faite a été de mourir lorsque j'avais six ans. Ensuite, je peux ajouter que ma corpulente mère avait la mentalité d'une laveuse de vaisselle et que sa plus grande ambition était de me voir devenir Miss Apple Junction et bonne cuisinière. C'est exactement le genre de passé qui convient à un vice-président, ne trouvez-vous pas ?» Elle avait versé des larmes de rage. Abigail n'était pas du genre pleurnicheur. Toby se souvenait seulement de ces rares occasions… Il avait dit ce qu'il pensait. «Abby écoutez-moi. Vous êtes bouleversée par cette photo de Francey ; reprenez-vous et ralliez-vous à la suggestion de Pat Traymore.» Elle s'était calmée. Elle avait confiance en lui. Il entendit le pas d'Abigail dans le couloir. Il était impatient de voir comment elle était habillée. Pelham estimait lui aussi qu'elle devait se montrer à la messe de Noël à la cathédrale, vêtue d'une tenue photogénique, mais pas trop élégante. «Laissez votre vison à la maison», avait-il dit. «Bonjour, Toby. Joyeux Noël.» Le ton était narquois, mais mesuré. Avant même de se retourner, il sut qu'Abby avait retrouvé son sang-froid. «Joyeux Noël, sénateur.» Il pivota sur lui-même. «Hé ! Vous êtes magnifique !» Elle portait un tailleur sport croisé rouge vif. La veste lui venait jusqu'au bout des doigts. La jupe était plissée. «J'ai l'air de l'assistante du Père Noël», dit-elle sèchement. Mais bien qu'elle parût d'humeur revêche, il y avait une inflexion moqueuse dans sa voix. Elle prit sa tasse de café et la leva pour porter un toast. «On va s'en tirer encore une fois, n'est-ce pas, Toby ? — Et comment !» Ils l'attendaient à la cathédrale. Dès qu'Abigail sortit de la voiture, un reporter de la télévision tendit un micro dans sa direction. «Joyeux Noël, sénateur. — Joyeux Noël, Bob.» Abby était intelligente, se dit Toby. Elle s'était appliquée à connaître tous les journalistes de la télévision et de la presse, quelle que fût leur importance. «Sénateur, vous êtes sur le point de vous rendre à la messe de Noël à la cathédrale nationale. Avez-vous une prière particulière à adresser à Dieu ?» A suivre