Sarah, 10 ans, ne saura pas qui du Hezbollah ou d'Israël a gagné la guerre. Ecrasée dimanche par l'écroulement sous les bombes israéliennes de l'immeuble où elle était réfugiée dans la banlieue sud de Beyrouth, elle reposait ce lundi avec sa mère à la morgue. «Son visage est ensanglanté, mais intact. En revanche, son corps est écrasé au niveau du bassin et ses jambes ne sont plus qu'un amas de chair. Je lui ai laissé le bandeau rouge qui retenait ses cheveux châtains», indique Mahmoud Mekdad, responsable de la morgue. «Sa mère, Asmahane, est dans le tiroir à côté. Elle a eu la tête fracassée. Lorsqu'elle a été retirée des décombres, l'enfant était lovée contre sa mère qui tentait visiblement de la protéger. Les secouristes ont dû les détacher», dit-il. Hussein Medkad, le médecin légiste, a constaté les deux décès en l'absence de membres de la famille. «Les deux corps ont été amenés dimanche soir et jusqu'à présent personne n'est venu les réclamer. Il n'y a peut-être pas de survivant dans cette famille», dit-il. Sarah et sa mère ont été écrasées lorsque les avions israéliens ont bombardé dimanche après-midi un pâté d'immeubles dans le quartier de Roueiss, dans la banlieue sud de Beyrouth.