Comparution n C'est la deuxième journée d'audience du deuxième procès du président déchu Saddam Hussein accusé de génocide contre les Kurdes pendant la campagne Anfal. La seconde audience, ouverte au début à huis clos, ce mardi matin, pour examiner des motifs de procédure, a repris, dix minutes plus tard, en audience publique, en présence de tous les accusés. Le premier témoin à charge entendu au cours de cette audience du procès Anfal a évoqué les bombardements chimiques contre plusieurs villages en 1987. «Le 16 avril 1987, vers 18h15, alors que nous ramenions les troupeaux au village et que le soleil commençait à se coucher, entre 8 et 12 avions sont apparus dans le ciel», a raconté en kurde, un villageois en tenue traditionnelle. «Les avions ont bombardé plusieurs villages. Les explosions n'étaient pas très puissantes et une fumée verte a commencé à se répandre peu après, suivie par une odeur de pomme pourrie ou d'ail au bout de quelques minutes», a-t-il poursuivi. «Beaucoup de gens ont alors commencé à vomir, tandis que leurs yeux les piquaient fortement. Nombre d'entre eux sont morts», a ajouté le témoin. Le témoignage de ce villageois n'a suscité aucune réaction des sept accusés, dont Saddam Hussein et son cousin Ali Hassan al-Majid, dit «Ali le chimique» De leurs côtés, deux accusés, comparaissant avec Saddam dans ce procès, ont affirmé que les forces iraniennes combattaient aux côtés des rebelles kurdes, pour justifier la sanglante répression menée en 1988 au Kurdistan. «Les campagnes Anfal ont été mises en œuvre après avoir reçu des informations selon lesquelles Kurdes et Iraniens combattaient la main dans la main contre les forces irakiennes. L'Iran voulait percer nos lignes», a assuré l'ancien directeur du renseignement militaire, dans une déclaration préliminaire. La défense veut démontrer que les campagnes Anfal s'inscrivent dans une stratégie classique de lutte contre la guérilla, tandis que l'accusation entend prouver qu'il y a eu volonté délibérée de commettre un génocide. «Nous avions des renseignements selon lesquels des forces iraniennes agissaient comme saboteurs dans le nord de la région», a, aussi, approuvé, l'ancien ministre de la Défense. Hier, lundi, Saddam Hussein et ses six co-accusés, parmi lesquels son cousin Ali Hassan al-Majid, ont refusé de plaider coupable ou non coupable, à l'ouverture du procès.