Résumé de la 5e partie n Le vizir conseille au prince Diadème et à Aziz de prendre une boutique dans le souk. Donc il pensa en lui-même : «Gloire et louange à Celui qui les a créés et les a modelés, et d'une matière sans vie a formé pareille beauté !» Et il se leva et les servit mieux qu'un esclave ne l'eût fait pour ses maîtres, et se consacra entièrement à leurs ordres. Et il se hâta de les emmener tous trois et de leur faire visiter les boutiques disponibles, et il finit par leur en choisir une au milieu même du souk. Cette boutique était la plus belle de toutes, la plus claire, la plus vaste et la mieux exposée aux regards ; elle était coquettement bâtie, ornée de devantures en bois ouvragé et d'étagères superposées et alternées, en ivoire, en ébène et en cristal ; et la rue à l'entour était bien balayée et bien arrosée ; et, la nuit, le gardien du souk stationnait de préférence devant sa porte. Et le cheikh, aussitôt le prix débattu, remit les clefs de la boutique au vizir, en lui disant : «Qu'Allah la rende une boutique prospère et bénie, sous les auspices de ce jour de blancheur, entre les mains de tes enfants !» Alors le vizir fit porter et ranger dans la boutique les marchandises de valeur, les belles étoffes, les brocarts et tous les trésors inestimables qui sortaient des armoires du roi Soleïmân-Schah. Et, ce travail une fois terminé, il emmena les deux adolescents prendre un bain au hammam situé à quelques pas, près de la grande porte du souk, hammam fameux pour sa propreté et ses marbres luisants et où l'on accédait par cinq marches où étaient rangées les socques de bois, en bon ordre. Les deux amis, ayant vite fait de prendre leur bain, ne voulurent pas attendre que le vizir eût fini de prendre le sien, tant ils avaient hâte d'aller occuper leur poste dans la boutique. Ils sortirent donc, joyeux, et la première personne qu'ils virent fut le vieux cheikh du souk, qui attendait passionnément sur les marches leur sortie du hammam. Or, le bain avait donné beaucoup plus d'éclat à leur beauté et de fraîcheur à leur teint ; et... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Quand vint la nuit, elle dit : Or, le bain avait encore donné beaucoup plus d'éclat à leur beauté et de fraîcheur à leur teint ; et le vieillard les compara, en son âme, à deux jeunes faons sveltes et gentils. Et il vit combien leurs joues étaient devenues roses, et comme leurs yeux noirs s'étaient foncés et leur visage éclairé ; et ils étaient devenus aussi tendres que deux rameaux colorés de leurs fruits ou comme deux lunes lactées et douces ; et il pensa à ce vers du poète : «A toucher sa main seulement, tous mes sens s'érigent et je frissonne. Comment ferais-je si je voyais son corps où se marient la limpidité de l'eau et l'or de la lumière !» Il alla donc au-devant d'eux et leur dit : «Enfants, puissiez-vous vous être délectés de ce bain ! Et qu'Allah ne vous en prive jamais et vous le renouvelle éternellement !» Et Diadème répondit de sa manière la plus charmante et avec une intonation parfaitement gentille : «Nous eussions souhaité partager avec toi ce plaisir !» Et tous deux l'entourèrent respectueusement et, par déférence pour son âge et pour son rang de cheikh du souk, ils marchèrent devant lui, lui ouvrant la route, et prirent le chemin de leur boutique. (à suivre...)