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Histoires vraies
Sous le soleil de minuit (3e partie)
Publié dans Info Soir le 31 - 08 - 2006

Résumé de la 2e partie n Le sergent Van Norman est inquiet pour son ami Kolitalikk, qu'il avait laissé malade. Il arrive à son village, mais il n'est pas accueilli comme d'habitude. Son ami est mort…
Deux traîneaux, cela signifie qu'Amah n'est pas parti seul. «Qui est avec lui ? — Avinga et Nangalik...»
Le sergent réfléchit un instant. Il a l'impression de quelque chose de bizarre, d'anormal. Un mystère... Pourquoi le fils du chef défunt a-t-il quitté le village alors que son père vient de mourir ? La tradition exige le contraire. Et pourquoi deux hommes avec lui ? Le sergent les connaît ; Avinga a vingt et un ans, Nangalik vingt-trois, des jeunes gens. Alors que le fils du chef, Amah, est un adulte de quarante-six ans.
Le sergent ordonne à ses deux compagnons d'examiner les traces des deux traîneaux. Elles sont fraîches.
«Une heure à peine, Sergent... Qu'est-ce qu'on fait ? On les rattrape ?
— Non. Je veux d'abord savoir ce qui se passe.»
Le sergent doit aussi s'incliner devant la dépouille de son ami. Il en demande l'autorisation au nouveau chef, qui semble hésiter. Mais il ne peut pas refuser cela au policier, il le sait.
Le sergent avance donc en sa compagnie jusqu'à l'igloo de Kolitalikk. L'entrée n'a pas encore été murée par des pavés de glace. La mort doit être récente. Traditionnellement, l'igloo du défunt doit lui servir de tombeau provisoire et conserver le corps jusqu'à l'été. Il est ensuite inhumé sous un tumulus de pierres.
Le sergent doit se mettre à quatre pattes pour pénétrer dans l'igloo, par le tunnel de glace. Dans la pièce unique, à la lueur d'une lampe à huile de phoque qui empeste l'atmosphère, il distingue le cadavre du chef.
Cette lampe à huile représente l'unique source de lumière et de chaleur. La température intérieure est en dessous de zéro. Le sergent se sert de sa propre lampe électrique pour éclairer le défunt. Il détaille d'abord une théière, une tasse de thé vide, un mégot de cigarette dans le couvercle d'une boîte de fer ; puis le visage de son ami.
Du sang, gelé, a coulé de plusieurs blessures à la face. Le sergent se penche, étonné et ému. Il s'attendait à retrouver le visage tranquille de son vieil ami philosophe, calme dans la mort comme dans la vie. Mort de maladie ou d'usure. Or il s'agit de blessures par balles. Et la lampe électrique permet au sergent d'apercevoir, appuyé contre la paroi de l'igloo, un petit fusil de 22 mm. L'arme du crime, de toute évidence.
Qui a bien pu assassiner le chef Kolitalikk ? Et pourquoi ? Un homme si vénéré, si respecté. Pourquoi une telle boucherie ? Plusieurs balles ont été tirées, de si près qu'il est impossible au sergent de déterminer les points d'impact, et donc impossible de savoir avec précision combien de coups ont causé la mort. Le visage de Kolitalikk est un masque de sang et de glace coagulés. Une vision horrible.
Le sergent l'examine encore de plus près, et parvient à repérer trois sorties de balles. Une par le nez, une autre par la joue, une dernière qui semble avoir traversé le cou pour ressortir par la base du crâne. D'autres projectiles ont dû endommager le cerveau. (à suivre...)


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