Résumé de la 3e partie n Le chef Kolitalikk a vraisemblablement été assassiné. Le sergent Norman, furieux, apprend que son fils a quitté la tribu. Le sergent ne perd pas de temps à jouer plus longtemps au médecin légiste. Il a compris. Trois hommes ont quitté le village, il y a moins d'une heure, puisque les traces sont fraîches. Cela veut dire deux choses. Comme le village est situé sur un promontoire, les habitants ont vu arriver, de très loin, la patrouille, ils ont entendu les chiens et les trois hommes se sont enfuis parce que la police montée arrivait. Donc ils étaient coupables. Il faut reprendre la route et les poursuivre. Le sergent se glisse à nouveau dans le tunnel de glace et ressort, face au nouveau chef : «Tu as quelque chose à dire ?» Il sait bien que l'homme ne dira rien de plus qu'une banalité de circonstance : «Nous sommes très malheureux que Kolitalikk soit mort. C'était un grand chef. Mais où il est, il est en paix, et tu ne le feras pas revivre.» Le sergent donne l'ordre à ses hommes d'atteler les chiens, sans perdre un instant. La tribu est à présent dehors, visages emmitouflés de fourrure de phoques, petits yeux noirs empreints de mystère. Le sergent s'adresse au nouveau chef à voix haute et forte, afin que tous entendent : «Vous êtes des Inuits, mais vous êtes Canadiens. Et il y a une loi pour les Canadiens. Tous les Canadiens, qu'ils soient Blancs, Indiens ou Esquimaux.» La longue lanière de cuir claque devant l'attelage des chiens, l'animal de tête tire sur le harnais pour dessouder les patins du traîneau de la glace qui les a déjà recouverts. Le sergent est furieux. Furieux d'être arrivé trop tard, furieux de ce crime abominable. Kolitalikk était un allié inappréciable. Et la chasse à l'homme ne sera pas simple. Les chiens sont fatigués les hommes aussi. Alors que les fuyards ont dû partir frais et dispos. Mais ils seront rattrapés. Car ils n'ont pris ni vivres ni matériel dans leur précipitation. Les traces de leurs traîneaux sont trop légères sur la glace. Ils ne tiendront pas une longue course et, de toute façon, ils n'ont qu'une heure d'avance. Le sergent Van Norman connaît aussi bien qu'eux la conduite des traîneaux de chiens. Ils ne pourront pas s'arrêter pour chasser, leurs traces sont parfaitement visibles, il les rattrapera. Deux heures plus tard, en effet, au sommet d'une falaise, sur une piste étroite, le sergent montre à ses hommes, au loin, un point minuscule, en bas, sur la rive. Dans la lumière étrange de ce paysage crépusculaire, il repère à la jumelle les silhouettes de trois hommes et deux traîneaux. Ils sont arrêtés. Ils scrutent la falaise au-dessus d'eux, immobiles près de leurs chiens. Dans cette immensité blanche, aux lueurs noires du soleil de minuit, poursuivants et poursuivis s'observent. Les policiers ont l'avantage des jumelles. Le sergent comprend, à la direction des traîneaux, que les fuyards s'apprêtaient à quitter le rivage pour la banquise. Ils hésitaient, pesant le pour et le contre et les chiens essoufflés s'étaient assis. Mais ils ont vu, là-haut sur la piste, les traîneaux de la police montée. Ils font voltiger leurs longs fouets de cuir pour réveiller l'attelage. Les chiens rechignent, aboient, se mordent entre eux ou bâillent en secouant mollement le givre de leur fourrure. Ils se croient à la chasse et les hommes s'énervent. Finalement, les traîneaux s'ébranlent et glissent brutalement sur la neige en prenant trop rapidement de la vitesse, sous les hurlements des conducteurs. Le sergent, lui aussi, lance ses deux attelages et pour gagner du temps, choisit un champ de neige qui descend abruptement de la falaise. (à suivre...)