Résumé de la 139e partie n Eleanor Brown envisage de se rendre à la police. Elle en parle à Pat, qui tente de l'en dissuader. Eleanor repoussa les restes de crevettes sur le bord de son assiette. «Non. Vous savez que le sénateur se présentait pour sa réélection. Le bureau du comité électoral envoyait des monceaux de prospectus. Elle avait l'habitude de passer de temps en temps et de donner un coup de main simplement pour que les bénévoles se sentent importants. Dans ces occasions, elle ôtait son diamant. L'anneau était un peu lâche et elle se montrait vraiment négligente avec cette bague. Une fois ou deux elle l'avait oubliée. — Et Toby, ou quelqu'un ayant la voix de Toby, a dit qu'elle l'avait encore une fois perdue ou égarée. — Oui. Je savais qu'elle était passée au bureau du comité électoral dans la journée du samedi pour aider à dépouiller le courrier, aussi m'a-t-il semblé parfaitement naturel qu'elle ait pu l'oublier à nouveau et que l'un des assistants ait eu l'idée de la ranger dans le coffre-fort. «Je crois que Toby conduisait la voiture du sénateur à l'heure où l'appel téléphonique a été donné. La voix était étouffée et celui qui m'a parlé n'a pas dit grand chose. Une phrase du genre : ”Allez vérifier si la bague du sénateur est dans le coffre-fort du bureau du comité électoral et prévenez-la.” J'étais ennuyée car je voulais me rendre à Richmond pour faire des croquis et j'ai même répondu quelque chose comme : ”Elle va sans doute la retrouver sous son nez.” La personne qui était au téléphone a eu une sorte de rire, puis elle a raccroché. Si Abigail n'avait pas autant parlé de la seconde chance qu'elle m'avait donnée, si elle ne m'avait pas traitée de voleuse invétérée, j'aurais eu droit au bénéfice du doute. J'ai perdu onze années de ma vie pour un délit que je n'ai pas commis et je ne veux pas perdre un jour de plus.» Elle se leva et laissa de l'argent sur la table. «Ça doit faire le compte.» Elle se pencha, ramassa sa valise, puis s'immobilisa. «Vous savez ce qui me paraît le plus dur, maintenant ? Je vais rompre la promesse que j'ai faite à l'homme avec lequel je vivais, lui qui s'est montré si bon pour moi. Il m'a suppliée de ne pas me rendre tout de suite à la police. Je voudrais pouvoir lui expliquer, mais j'ignore où il se trouve. — Puis-je lui téléphoner de votre part, plus tard ? Quel est son nom ? Où travaille-t-il ? — Il s'appelle Arthur Stevens. Je crois qu'il a des ennuis là où il travaille ; il n'y est sûrement pas retourné. Vous ne pouvez rien faire. J'espère que votre émission sera réussie, mademoiselle Traymore. J'ai eu un choc quand je l'ai vue annoncée. Je savais que si l'on y montrait une seule photo de moi, je me retrouverais en prison dans les vingt-quatre heures. Mais, voyez-vous, j'ai compris à quel point j'étais fatiguée de me cacher. Curieusement, cela m'a donné la force d'envisager de retourner en prison pour pouvoir un jour être libre. Père, je veux dire Arthur Stevens, ne pouvait pas s'y résigner. Et maintenant, je ferais mieux d'y aller avant de perdre courage.» Impuissante, Pat la regarda partir. Au moment où Eleanor quittait le restaurant, deux hommes, à une table d'angle, se levèrent et la suivirent. (à suivre...)