Résumé de la 26e partie n Le roi Daoul'makân abdique en faveur de son fils Kanmakân. C'est une nouvelle histoire qui commence… Des larmes plein les yeux, le roi dit à son fils : «Mais je veux auparavant, ô mon fils, te dire qu'il me reste une seule chose à souhaiter sur la terre, avant de mourir : c'est la vengeance à tirer de celle qui fut la cause de la mort de ton grand-père, le roi Omar Al-Némân, et de ton oncle, le prince Scharkân, la vieille de malheur et de malédiction qui a pour nom Mère-des-Calamités !» Et le jeune Kanmakân répondit : «Aie l'âme en paix, ô père, Allah vous vengera tous par mon entremise !» Alors le roi Daoul'makân sentit une grande sérénité lui rafraîchir l'âme, et il s'étendit plein de quiétude sur la couche d'où il ne devait plus se relever. En effet, quelque temps après, le roi Daoul'makân, comme toute créature sous la main qui la créa, redevint ce qu'il avait été dans l'au-delà insondable et il fut de lui comme s'il n'avait jamais été. Car le temps fauche tout et ne se souvient pas ! A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, n'en dit pas davantage cette nuit-là. Quand vint le soir, elle dit : .…Et il fut de lui comme s'il n'avait jamais été. Car le temps fauche tout et ne se souvient pas ! Et cela est pour que celui qui veut savoir la destinée de son nom dans le futur apprenne à regarder la destinée de ceux qui l'ont précédé dans la mort ! Et telle est l'histoire du roi Daoulmakân, fils du roi Omar Al-Némân et frère du prince Scharkan — qu'Allah les ait tous en sa miséricorde infinie ! Mais aussi c'est à partir de ce jour, et pour ne point démentir le proverbe qui dit : «Celui qui laisse une postérité ne meurt pas !» que commencèrent. Les aventures du jeune Kanmakân, fils de Daoul'makân En effet, pour ce qui est du jeune Kanmakân et de sa cousine Force-du-Destin, ya Allah ! qu'ils étaient devenus beaux ! En grandissant, l'harmonie de leurs traits se fit plus exquise et leurs perfections germèrent dans leur plénitude ; et on ne pouvait, en vérité, les comparer qu'à deux rameaux chargés de leurs fruits ou à deux lunes de splendeur. Et, pour parler de chacun d'eux en particulier, il faut dire que Force-du-Destin avait en elle tout ce qu'il fallait pour rendre fou : dans sa royale solitude, loin de tous les regards, la blancheur de son teint s'était faite sublime, sa taille était devenue mince, juste comme il fallait, et aussi droite que la lettre aleph quant à ses joues, les roses elles-mêmes avaient reconnu leur suprématie. Aussi qu'elles sont vraies ces paroles du poète à son égard : «Enivre-toi, mon cœur ! Dansez de joie dans vos orbites, ô mes yeux ! La voici ! Elle fait les délices de Celui même qui l'a créée ! Ses paupières défient le kohl de les rendre plus brunes. Je sens leurs regards me transpercer le cœur aussi sûrement que si c'était le glaive de l'émir des Croyants. Quant à vous, palmiers qui secouez sous la brise les grappes pendantes de vos cheveux, voici sa chevelure !» Telle était la jeune princesse Force-du-Destin, fille de Nôzhatou. Mais, pour ce qui est de son cousin le jeune Kanmakân, c'était encore bien autre chose. (à suivre...)