Résumé de la 4e partie n Le commissaire Gilles interroge Corinne, qui confirme les réponses des parents : Pierre Verdier ne s'est pas suicidé. Par contre, il apprend qu'il portait une gabardine. Le commissaire demanda encore : «Comment était-il ? — Très gentil... comme d'habitude. — Vous voulez dire... tendre ?» La jeune fille rougit légèrement. «Oui... enfin nous étions pressés de nous revoir le lendemain... Quand on est fiancés, vous savez... les séparations quotidiennes paraissent longues... — Et après le métro ? — Nous sommes descendus Place de Clichy. Il m'a raccompagnée jusqu'à la maison. — Jusqu'où exactement ? — La porte cochère. — Et là ? — Eh bien... on s'est embrassés. — Il n'a rien dit de spécial ? — Non. Qu'il était un peu fatigué, mais il était gai. On s'est dit à demain...» C'est dur de se souvenir du dernier regard. «A demain»... Corinne se voit refermant la porte cochère sur ce lendemain qui n'est jamais venu. Cette fois, la voix s'enroue. Pour l'aider à ne pas fondre en larmes, le commissaire demande très vite : «Il avait sa gabardine ? — Oui. — Il fumait ? Il avait des cigarettes sur lui ? — Oui. En sortant du métro, il avait encore un paquet presque entier. — Et l'argent ? — Je sais qu'il avait trois mille francs. Nous n'avons rien dépensé, j'avais des tickets de métro. — Il retournait chez lui, selon vous ? — Sans aucun doute. — Quelle heure était-il ? — Environ minuit et demi… à quelque minutes près. — Si on se base sur sa montre et s'il s'est... noyé disons, ce soir-là, il était deux heures quinze… Qu'est-ce qu'il a pu faire pendant deux heures ?» Corinne lève les yeux, réprime son envie de pleurer. Presque deux heures de battement... «Je ne sais pas. Ça me fait peur... de ne pas savoir... Il est parti comme ça tranquillement, il souriait... J'ai fermé la porte... Je regardais ma bague en montant l'escalier... et lui... Dieu sait ce qui lui est arrivé... pendant que je m'endormais comme une heureuse idiote... sans savoir. Il ne s'est pas suicidé... C'est complètement impossible…» Le commissaire se retire, avec une seule question en tête. Que peut faire un garçon de vingt-cinq ans qui vient de quitter sa fiancée, à minuit et demi, sur le pas de sa porte? Rue d'Amsterdam. Rue d'Amsterdam... Le commissaire s'y trouve, comme Michel ce soir-là... Une idée lui vient à l'esprit, bien sûr, en vieux policier... les prostituées... Elles sont là, celles du jour et de la nuit. Même visage quémandeur, soi-disant soumises, et toujours invaincues, provocatrices, agressives... Rue de Liège, une fille blonde et fade, le visage tranché d'un trait de rouge à lèvres sanglant... «La nuit ? On est cinq ou six dans la rue... Qu'est-ce que vous cherchez ?... On veut pas d'emmerdes, on n'en fait pas nous, des emmerdes...» (à suivre...)