Résumé de la 3e partie n Le père de Corinne, la fiancée de Pierre Verdier, ne croit pas non plus à la thèse du suicide. Le commissaire Gilles écoute la démonstration avec intérêt. «Voyons les faits concrets, commissaire. D'après Corinne, Michel avait trois mille francs sur lui. On en a retrouvé mille quatre-vingts. Michel était fumeur, trop même à mon goût, un enragé... Enfin, il a été retrouvé sans le moindre paquet de cigarettes dans sa poche. Il en avait toujours un, à l'intérieur de sa veste. Vous me direz dans l'eau... bref... c'est possible mais le plus étonnant, à mon sens, c'est le vêtement. Il portait une gabardine beige, classique. On l'a retrouvé avec une vieille canadienne... Ça ne vous a pas frappé ? Ça vous paraît normal ? — J'ignorais ce détail. Ses parents ne m'ont pas parlé de gabardine. — Ça c'est incroyable... — Ils sont très affectés. J'ai l'habitude de ce genre d'omission, pour des parents en deuil, ce n'est pas le plus important sur le moment... De plus, la disparition de Michel remonte à un mois environ... — La mort aussi. Et il portait le même costume, les mêmes chaussures, la même cravate... Cette canadienne est anormale. — Je suis d'accord. Je peux parler à votre fille ?» Corinne rejoint le commissaire qui s'attendait, sans trop savoir pourquoi, à découvrir une jeune fille timide, un peu fragile, un peu terne. La description du père de Michel sans doute... Sérieuse, réservée... intimidée... Pas du tout. Corinne est une grande fille, superbe, d'allure sportive, regard direct, et qui ne doit sa réserve qu'à l'éducation reçue. Bourgeoise et stricte. Elle a beaucoup pleuré. Les paupières rougies en témoignent, mais elle répond d'une voix ferme, sans hésitation, aux questions du commissaire. «Suicide… Ça ne tient pas debout. Mon père a raison. Je le crois aussi. Michel était très heureux ce soir-là. Et moi aussi. — Je vous crois volontiers, mais voyons... il n'a pas fait de confidence particulière ? Un souci, un ennui, un remords secret ? Tout le monde peut avoir un problème dans sa vie, sans le crier forcément sur les toits, et ne pas savoir comment le résoudre... — Je ne vois pas. A moins que vous pensiez à une autre liaison ? — ça arrive. — Non. Je ne peux pas imaginer ça. Ce n'était pas dans son caractère. Il m'en aurait parlé avant, ou je l'aurais su. Nous nous sommes connus à l'agence de voyages, je suis secrétaire là-bas... On a eu tout le temps de se connaître avant les fiançailles... Je dirais même que... enfin, ça peut vous paraître présomptueux, mais j'étais sûrement la première femme qui ait compté dans sa vie. Je l'ai ressenti. C'était mon cas. Michel est le premier garçon en qui j'ai eu confiance… Le premier, vous comprenez ?... Je n'aime pas les flirts, on m'a élevée dans le respect du mariage. Il était comme moi. — Pardon d'insister, mais... si vous... enfin, si vous attendiez le mariage, il aurait pu avoir une liaison sans importance... certes, comme beaucoup de garçons de son âge... — Je suis presque sûre que non. — Ah. Et que s'est-il passé quand vous êtes partis de chez ses parents ?» Corinne semble étonnée de la question : «Mais rien. Nous sommes allés prendre le métro...» (à suivre...)