Amertume n «Le ramadan n'en est pas un si ce n'est l'aspect religieux. Nous n'avons rien préparé pour l'occasion. Nous sommes exilés, isolés de tout.» «Dans cette cité située à quelques kilomètres du centre-ville d'Alger, il n'y a ni marché, ni transports, ni mosquée, certains résidents arrivent en retard à l'heure du f'tour. Faute de transport, certains se rendent chez la famille ou chez d'anciens voisins pour rompre le jeûne», raconte Khalti Aïcha. Cette dernière travaille pas loin de son ancien quartier, la cité Beach. Son fils Zoubir occupe également, un poste à Alger-Centre. Il lui arrive parfois de passer la nuit à Alger-Centre, dans le quartier (cité Beach), mais pendant le ramadan, étant le seul homme de la maison, il est obligé de rentrer chez lui à Sidi Bennour. Le jour de notre visite, Zoubir venait d'être agressé par des malfrats. Ils l'ont délesté, ainsi que son ami et le chauffeur de bus, tombé en panne à Jolie Vue, de leurs objets de valeur : portables, argent et autres. C'était à quelques instants de l'Adhan. Zoubir n'est pas le seul à vivre cette situation. Plusieurs voisins ont échappé au pire, durant les derniers jours qui précédent le ramadan et lors du ramadan 2005. Le premier jour de ce mois sacré, Assia, mère de famille et ancienne employée à l'APC d'Alger-Centre, a dû abandonner son poste pour aller, comme chaque jour depuis une année, attendre ses enfants à la sortie de l'école, vers 11h 45, et y demeurer jusqu'à 12h 45 avec eux à Mahelma pour les surveiller : «Plusieurs enfants ont été agressés à la sortie de l'école soit par des enfants de Mahelma, ou d'autres personnes. De plus, deux enfants ont failli être tués ; ils ont échappé à des accidents de la circulation. La dernière en date est une fillette qu'on a retirée presque de dessous les roues du bus. Nos enfants ne sont pas protégés. Ils risquent leur vie quotidiennement», dit-elle. Interrogée sur les préparatifs du ramadan, Assia répond avoir fait les achats à Meissonnier, pas loin du lieu de résidence de ses parents. Ce n'est pas le cas de tous, puisque le ramadan, pour la majorité des 412 familles de cette cité, c'est au jour le jour. Pour ce deuxième jour comme la veille et ce sera le cas durant tout le mois, les prières d'El-Aïcha et taraouih s'accompliront à Benchaâbane, à 4,5 km de la cité. Là aussi, le risque d'agression sur le chemin n'est pas écarté. En 2005, des locataires ont été agressés. De retour à la cité, après la prière les jeunes se réunissent dans un coin, les plus vieux se retrouvent dans un autre peu éclairé, car l'éclairage fait défaut dans cette cité, pour discuter de la situation de la communauté. Il n'y a pas de visites ou de soirées ramadanesques pour les résidents, à Sidi Bennour. Il est 22 h, à notre départ, les gens rentraient chez eux, éreintés par les difficultés quotidiennes.