Résumé de la 5e partie n Les habitants de Pontiac cherchent le cadavre de Jimmy Hoffa, en vain. Il s'avère que le disparu a détourné l'argent du syndicat des transporteurs, les teamsters, au profit de la maffia. Maggie Sanders décide : «On ira voir demain. Ou après, quand il n'y aura plus personne, en tout cas.» Le 3 août, à quatre heures et demie du matin, il n'y a plus personne dans le grand champ broussailleux, retourné comme par un bulldozer. La folie des chercheurs de cadavres les a portés plus loin : un médium dit que c'est au nord, une voyante au sud, bref... Maggie Sanders, en bottes de caoutchouc, en robe de coton pour ne pas se faire remarquer, descend de la vieille Dodge avec son fils et sa belle-fille. Dans le coffre, deux pelles et une pioche. Les trois fouilleurs cheminent à travers champs jusqu'au vieux réservoir abandonné, et Bobby indique l'endroit : «C'est là, maman... tu vois ?» Effectivement, cela ressemble à une tombe hâtivement creusée et remblayée. On devine un rectangle que la poussière d'été recouvre déjà. Tandis que les trois fouilleurs s'apprêtent à piocher, à Detroit, le chef de la police, entouré d'un représentant de la police de l'Etat et d'un membre du FBI, tient une conférence de presse. Les journalistes sont avides, survoltés. L'Amérique entière attend de savoir ce qu'il est advenu du plus grand caïd du syndicalisme américain. Un personnage inquiétant, fabuleux, légendaire et qui le restera. «Nous avons plusieurs pistes. Il est trop tôt pour vous communiquer le nom d'un suspect, c'est tout ce que je peux dire... — Quelles pistes ?» Le chef de la police énumère des noms que les journalistes accueillent, le micro blasé. Des noms qui ne sont pas inconnus, mais auxquels personne ne croit vraiment. Giacalone, un vieil ami de Jimmy Hoffa, homme de main du parrain de la mafia de Detroit. C'est avec lui que Jimmy Hoffa devait déjeuner le jour de sa disparition. Si la police s'intéresse à lui, c'est qu'il est également un vieil ami du nouveau président des teamsters, Franck Fitzsimmons, lequel était aussi un vieil ami de Jimmy Hoffa... qui aurait dû lui rendre son siège lorsque Hoffa est sorti de prison... et qui ne le lui a pas rendu... Une sombre histoire de vieux amis, alors ? Fitzsimmons a pris le goût du pouvoir, mais ne disait-on pas que Hoffa l'avait laissé faire ? Parmi les suspects aussi, un ancien compagnon de détention de Jimmy Hoffa. Un certain Tony Provensano. Tony avait exigé de Hoffa une rente annuelle de 1,5 million de dollars... Une bagatelle que Hoffa lui avait refusée. Ils s'étaient fâchés... Les journalistes ne voient là rien de bien nouveau. Ces choses se savaient, se savent... Comme on sait aussi que l'avocat de Chicago qui organise et gère le fonctionnement de la colossale caisse de retraite du syndicat n'est pas tout blanc. Du haut de son building de verre et d'acier, il domine les finances. Il a même la confiance du fils adoptif de Jimmy Hoffa... qui estimait que son père avait perdu sa réputation depuis son emprisonnement. Tous les deux se sont rapprochés de Fitzsimmons, le nouveau président... Tous ces gens sont intouchables, trop organisés... La police peut toujours les aligner comme suspects, elle ne les aura jamais. Une bardée d'avocats se dressera immédiatement comme le mur de l'Atlantique pour les défendre et protéger toute atteinte à leur vie privée, comme on dit. (à suivre...)