Constat n Des tavernes qui se transforment en magasins de vente de gâteaux ou en salons de thé semblent choquer certains jeûneurs. Un phénomène de retour tous les ans, pendant ce mois sacré : les propriétaires de tavernes se convertissent en marchands de gâteaux, comme le kalbellouz, k'taïfs, baklawa et autres douceurs traditionnellement de grande consommation durant ce mois. Généralement, ces commerces n'ouvrent qu'à quelques heures de la rupture du jeûne ou le soir, après le f'tour. La reconversion se fait au vu et au su de tous. «Il est normal que durant ce mois, pendant lequel nous ne pouvons vendre de l'alcool, nous nous convertissions à une autre activité. Nous ne sommes pas hors la loi, car nous ne pouvons pas faire autrement. Si je ferme durant ce mois, je ne ferais pas de chiffre d'affaires. J'ai des charges à payer. Mon personnel habituel est en congé, donc j'embauche un jeune pour s'occuper de la vente. Personnellement, je pointe juste pour superviser», nous explique Mohand, propriétaire d'une taverne à Alger-Centre. Il précise cependant : «Mes clients sont généralement des habitués ou des gens de passage. Il s'agit d'hommes uniquement. Les femmes n'osent pas s'arrêter devant une taverne.» Dans un autre quartier, un barman reconverti en serveur de thé raconte : «Pendant le mois de ramadan, nous n'ouvrons évidemment que pendant la soirée et nous servons du thé et des gâteaux traditionnels. Pour le patron, il n'est pas question de fermer. La taverne se transforme en salon de thé, pour les hommes seulement.» Concernant la légalité de cette reconversion, Mohand ainsi que le barman estiment qu'elle est légale. Du côté des consommateurs, ils trouvent cette reconversion choquante, surtout les femmes. Une jeune femme, de passage devant une de ces tavernes, n'a pas hésité à lancer : «C'est scandaleux ; comment peut-on autoriser ces gens-là vendre ces produits alors qu'ils servent de l'alcool durant les autres mois de l'année ?» Un citoyen, assis à côté du magasin, lui répond : «Vous n'êtes pas obligée d'acheter.» Légale ou pas légale, cette reconversion semble ne semble pas au goût de tout le monde.