Statistiques n Les services de la wilaya d'Alger ont recensé pas moins de 62 000 constructions illicites. Un chiffre qui démontre, réellement, une situation alarmante concernant l'habitat en Algérie et l'apparition des bidonvilles. Même si par ailleurs le phénomène est moins perçu, à Alger, capitale et pôle attractif de la population à la recherche d'un travail, le constat est alarmant. Pour le président du conseil de l'APW, M. Zaïm, qui s'exprimait, récemment, sur les ondes de la Radio nationale, les autorités locales ont une part de responsabilité dans cet état des lieux critique. Selon ses dires, l'octroi de lots de terrain avec décision sur des assiettes foncières qui appartenaient au domaine public, à des citoyens, était le premier point à relever. Le deuxième étant la construction, sans contrôle des services compétents, sur ces lots. «Le citoyen n'est pas condamnable là-dessus», explique-t-il en affirmant que l'Etat est responsable et doit prendre les mesures adéquates pour parer à cette situation. Par ailleurs, il est à relever le caractère spécifique des bidonvilles, car dans la majorité des lieux visités, les habitants affirment être en possession de documents prouvant leur résidence, ce qui est contradictoire avec les lois en vigueur. Ce serait cependant une erreur d'avancer que le citoyen n'a aucune responsabilité dans cette situation. Ainsi, le P/APW d'Alger a insisté sur le fait qu'«il n'est pas suffisant de venir aux portes de la capitale, planter une baraque pour devenir prioritaire et nous savons qu'il existe des gens qui ont des décisions de relogement depuis plus de vingt ans sans avoir quitté ces lieux. Ce qui signifie que les régularisations automatiques ne seront pas de mise. De son côté, le Président de la République n'a pas manqué, non plus, d'évoquer les personnes qui vendent leurs appartements et retournent vers leurs baraques dans l'espoir de s'intégrer dans d'autres quotas. Pour en revenir aux origines de ce fléau, il y a lieu de rappeler qu'isolement, chômage, absence d'infrastructures de base et sanitaires, insécurité et terrorisme, sont autant de causes qui ont poussé une population désœuvrée, défavorisée à rejoindre l'agglomération quitte à laisser derrière elle tout un trésor de terres agricoles, de maisons, etc. A son arrivée dans les grandes villes, le défi majeur qui l'y attend est celui de trouver un toit. Et si l'on sait que même pour les citadins cela s'avère une mission presque impossible, on a une idée de l'ampleur de la tâche. Dès lors, l'érection de constructions anarchiques demeure l'ultime recours. Ce qui engendre un mode de vie aux conséquences dramatiques pour les enfants qui grandissent sans aucune condition de vie saine ou digne. Résultat : des fléaux tels la délinquance, la prostitution, les vols, les assassinats apparaissent. Une difficulté du contrôle de ces constructions, par les services de l'Etat, a d'ailleurs été constatée pendant la dernière décennie. Résultats de l'accumulation de plusieurs faits sociaux mais aussi politiques, ces petites cités anarchiques et illicites sont perçues, entre autres, comme le signe de la pauvreté, d'un malaise social et d'une accentuation du phénomène de l'exode rural.