L'établissement d'une correspondance symbolique est le principe de base de l'interprétation musulmane. Le sens de la plupart des rêves étant voilé, il faut chercher, à partir des éléments qu'ils présentent, leur sens profond, ou pour utiliser un terme freudien, «latent». Le principe de la correspondance symbolique consiste à mettre en rapport des éléments différents mais qui présentent une certaine analogie de sens. On attribue, par exemple, au mot chaîne le sens de «religion» parce que la religion lie l'individu à Dieu. Le lien sémantique entre les deux éléments réside dans l'analogie de signifié : attache, liaison, dépendance… Nous avons déjà cité le rêve du prince de Qonya, rapporté par Aflaki, rêve où le prince a vu sa tête en or, sa poitrine en argent massif et le reste de son corps, à partir du nombril, de bronze, les deux cuisses de plomb et les deux pieds d'étain. Baha Eddine Valad, qui a interprété le rêve, a annoncé au roi une dégradation progressive de sa dynastie : de l'essor, avec lui, on arrive, au bout d'un certain nombre de générations, à la chute. L'interprétation s'appuie sur le symbolisme des métaux qui représentent dans la littérature onirocritique musulmane des forces agissantes. Chaque métal est affecté d'une valeur, suivant un ordre ascendant, tenant compte de son degré de pureté et de sa valeur marchande. Ainsi, l'étain signifie vilenie, grossièreté, impureté ; le plomb, lourdeur et bassesse ; le bronze, puissance, énergie matérielle ; l'argent, pureté, ascension morale ; l'or, pureté absolue, royauté.