Détérioration n Dans les centres d'accueil des familles sinistrées, il est à souligner l'état de dégradation des chalets. Centre Ali-Amrane 2, à Bordj El-Kiffan. Il est 10h 15, un jour de semaine. Le lieu est complètement désert. Pas la trace d'un homme. Le calme est total. Les 99 chalets composant le site sont entourés de fleurs. Ce décor est un signe fort que le séjour des familles va encore durer. Pourtant, les personnes que nous avons rencontrées ne veulent pas rester encore dans ces lieux. Elles sont lasses d'attendre leur relogement. Elles sont là, depuis plus de trois ans, à souhaiter que leurs noms figurent sur les listes des relogées. «Il faut savoir que vous n'êtes pas les premiers journalistes à nous rendre visite. Nous avons déjà parlé de notre calvaire et de notre misère. Les journaux ont écrit, des ministres sont passés par là, des élus… mais reste que la situation est toujours la même», nous a déclaré Mohamed, 35 ans chômeur. «Nous sommes venus de la cité Mahiedine. La première fois, les autorités nous ont promis de nous reloger au bout de 18 mois. Aujourd'hui, 36 mois après, nous sommes encore là », ajoute un jeune, l'air dégoûté. Au centre Ali-Amrane 3, 1 400 familles occupent le site. «Nous étions bien aux Tagarins. Aujourd'hui, c'est le cauchemar. On ne peut pas dormir la nuit, car outre le bruit et les cris, des voleurs commettent leurs forfaits», témoigne un résidant. «Les conditions d'hygiène sont déplorables. Les moustiques nous mènent la vie dure. Si notre voisin marche chez lui, notre chalet vibre très fort. C'est un grand dérangement. Nous n'avons plus d'intimité. Nous entendons les discussions des voisins. Eux aussi entendent nos discussions privées. Vous voyez ? Vous appelez ça une vie ?», s'indigne un autre, qui nous montre la plateforme de son chalet totalement détruite par l'humidité. «Expliquez-moi comment on peut vivre dans un chalet de deux pièces à 12 personnes ? Comment dorment dans la même chambre frères et sœurs ? Comment ma fille peut se changer ?», s'interroge un père de famille, les larmes aux yeux. «J'ai trois fils mariés. Ils sont là avec leurs femmes et enfants. Expliquez-moi comment peuvent-ils vivre dans cet espace ?», ajoute notre interlocuteur. Il est vrai que la situation des chalets est des plus catastrophiques. Les odeurs nauséabondes, les moustiques, le manque d'hygiène et les vols sont les maîtres de ces lieux. Certains évoquent également les maladies dont sont atteints notamment les enfants et les personnes âgées.