Résumé de la 25e partie n La peur terrasse Amin à la vue de la confidente de Schamsennahar, il se met à courir, fuyant ces aventures de mauvais goût. Après une course poursuite, il s'arrête dans un endroit peu fréquenté. Alors je me précipitai à l'intérieur, après avoir promptement laissé à la porte mes babouches, et je me dirigeai vers le coin le plus obscur où je me mis aussitôt dans l'attitude de la prière. Et c'est alors, plus que jamais, que je songeai combien grande avait été la sagesse de mon ancien ami Abalhassan ben-Tâher qui avait fui toutes ces complications désolantes en se retirant tranquillement à Bassra. Et je pensai en mon âme : «Sûr ! pourvu qu'Allah me tire sans encombres de cette aventure, je fais vœu de ne jamais plus me jeter dans de pareilles aventures et de ne jamais plus remplir de tels rôles !» A peine étais-je donc en ce coin obscur que je fus rejoint... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut. Le soir venu, elle dit : A peine étais-je donc en ce coin obscur que je fus rejoint par la confidente avec laquelle, cette fois, je pus me décider à m'entretenir en liberté, du moment qu'il n'y avait point de témoins. Elle commença d'abord par me demander : «Comment vas-tu ?» Je lui répondis : «En parfaite santé ! Mais que la mort me semble préférable à ces continuelles alarmes où nous vivons tous !» Elle me répondit : «Hélas ! que dirais-tu alors si tu savais l'état de ma pauvre maîtresse ? Ah ! ya Rabbi, je me sens moi-même faiblir rien qu'en me rappelant le moment où je la vis revenir au palais, où déjà j'avais pu me rendre la première en fuyant de ta maison, de terrasse en terrasse, et en me jetant ensuite sur le sol du haut de la dernière maison ! Ya Amin, si tu l'avais vue ! Qui aurait pu reconnaître en ce visage pâle comme celui d'une personne qui sortirait de la tombe, le visage de la lumineuse Schamsennahar ? Aussi, en la voyant, je ne pus m'empêcher de fondre en sanglots en me jetant à ses pieds et en les lui embrassant. Mais elle s'oubliait elle-même pour songer d'abord au batelier auquel elle me dit de remettre tout de suite mille dinars d'or pour sa peine ! Puis, cela fait, les forces l'abandonnèrent, et elle tomba évanouie dans nos bras ; et alors nous la portâmes en hâte à son lit, où je me mis à lui asperger le visage avec l'eau de fleurs ; et je lui essuyai les yeux et lui lavai les pieds et les mains et lui changeai les vêtements de dessus et de dessous. Alors j'eus la joie de la voir revenir à elle et respirer un peu, et aussitôt je lui donnai à boire du sorbet à la rose et lui fis sentir du jasmin et lui dis : ”O maîtresse, par Allah sur toi ! Ménage-toi, ménage-toi ! Où irons-nous si nous continuons de la sorte ?” Mais elle me répondit : ”O ma fidèle confidente, je n'ai plus rien sur la terre qui me retienne encore attachée ! Mais, avant de mourir, je veux avoir des nouvelles de mon amant. Va donc trouver le joaillier Amin et porte-lui ces bourses remplies d'or et prie-le de les accepter en réparation du dommage que notre présence lui a causé !”» Et la confidente me tendit un paquet fort lourd qu'elle tenait et qui devait contenir plus de cinq mille dinars d'or : ce dont, en effet, je pus m'assurer plus tard. Puis elle continua : «Schamsennahar me chargea ensuite de te demander, comme prière dernière, de nous donner des nouvelles, bonnes fussent-elles ou lamentables, du prince Ali Ben-Bekar !» Alors moi je ne pus vraiment lui refuser cette chose qu'elle me demandait comme une grâce et, malgré ma résolution bien arrêtée de ne plus me mêler de cette dangereuse histoire-là, je lui dis de venir le soir à ma maison où je ne manquerais pas de l'aIler retrouver avec les détails nécessaires. Et je sortis de la mosquée après avoir prié la jeune fille de passer d'abord chez moi déposer le paquet qu'elle portait ; et je me rendis chez ben-Bekar. (à suivre...)