Résumé de la 6e partie n Le surintendant, qui ne comprend rien à ce double assassinat sans mobile, reconvoque le caporal Meyer et lui tend un piège. Le surintendant rouvre la porte, l'air un peu pressé, et s'adresse au caporal depuis le seuil : «Je viens de joindre le pasteur. Il ne se souvient pas du tout de vous. Ni de quelqu'un d'autre en fait... Vous n'auriez pas une autre explication ?» Meyer en a sûrement une. Il devait se douter de la faiblesse de la première. S'il en a une, c'est que le piège fonctionne. «Je crois que c'était à la chorale. Quand je chantais à la chorale.» Le surintendant vient se rasseoir en face de son suspect. Il est content. «Je ne crois pas, caporal. J'ai la liste des personnes qui ont participé à cette chorale depuis la nuit des temps. Et vous n'y êtes pas. En revanche, j'ai le nom de votre femme, Susan, et aussi de Bridgett... votre maîtresse.» Le caporal blêmit. Son front se couvre de sueur. Sous le choc il tente tout de même de se raccrocher à la perche que lui tend le policier : «?a doit être ça... c'est lorsque je venais les chercher à la chorale... enfin je veux dire... ça me revient... — Les répétitions avaient lieu dans la sacristie... pas au sous-sol... — Oui mais c'est-à-dire qu'on a dû y aller quelquefois comme ça, par curiosité... — C'est inexact. Le bedeau dit qu'il en fermait toujours la porte... J'ai sa déclaration.» La proie est mise à découvert. Finalement c'était assez simple, cette chasse. Le caporal a compris qu'il est suspect qu'il ne s'en sortira pas comme ça, que le policier va jouer avec lui indéfiniment au chat et à la souris. Alors il regarde ses chaussures : «C'est moi qui les ai tuées.» Sa confession est assez simple, elle aussi. Il est venu chercher sa maîtresse à la chorale un soir alors qu'il était divorcé depuis quelques jours seulement. Et son ex-femme était là. Elle a voulu lui parler. Elle l'a entraîné dans le réduit attenant à la sacristie. Et là, elle lui a demandé une somme énorme, exorbitante, qui n'était pas prévue du tout dans les modalités du divorce. Il a refusé, elle s'est mise en colère, la dispute a dégénéré et de rage, il l'a étranglée. Sur place. C'est à ce moment qu'il s'est aperçu de la présence de Bridgett. Curieuse, elle avait voulu écouter ce que se disait le couple et avait donc assisté au crime. Nouvelle dispute. Bridgett voulait le dénoncer à la police, il l'a étranglée aussi. Il ne lui restait plus qu'à trouver les clés du bedeau, celles qui ouvraient la porte du sous-sol. Elles étaient bêtement accrochées au mur. Il a caché les deux cadavres très vite. Sans même les enterrer, sans précaution. Une cachette dérisoire qui aurait été découverte sans l'incendie de la vieille église. Mais le pompier n'est pas criminel et incendiaire. C'est un cierge qui a mis le feu à une niche sous laquelle se trouvaient d'autres cierges rangés sur une étagère de bois. Et il y avait tant de bois. Le caporal, une fois sur les lieux de l'incendie, a trouvé ce brasier providentiel. Il voulait courageusement pénétrer dans l'église par le soupirail, non pas pour y éteindre le feu, mais pour traîner les deux cadavres dans les flammes. C'était une chance formidable pour lui. Hélas ! Le capitaine a eu peur de risquer la vie d'un homme si courageux, d'un élément si dévoué et il l'a retenu, au dernier moment. Réclusion à vie pour le caporal Meyer. Une nouvelle église a été construite en face de la boutique d'Ursula, de ses bocaux de thé, de gâteaux, de menthe et de gingembre confit. Elle est en béton, évidemment.