Les lendemains de victoire sont difficiles pour la majorité démocrate élue le 7 novembre aux Etats-Unis, rapidement plongée dans les affres de la division. En effet, la première semaine de travail parlementaire s'est soldée par un échec personnel pour la prochaine présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. En essayant, en vain, d'imposer un proche comme son bras droit, elle a fait douter ses troupes de son habileté politique. En dépit du flou de leur programme et des pouvoirs relativement limités que leur accorde la Constitution américaine, les parlementaires démocrates ont bel et bien reçu un mandat de gouvernement de la part des électeurs. Avec tous les yeux désormais braqués sur la préparation de la présidentielle de 2008, la capacité des démocrates à incarner une alternative crédible à la présidence de Bush sera cruciale pour convaincre ou non les électeurs de leur offrir la Maison-Blanche. Pour l'instant, la majorité démocrate, qui ne prendra les commandes du Congrès qu'en janvier, a encore deux mois pour se préparer à l'exercice du pouvoir. Le problème, c'est que les démocrates ont surtout et avant tout fait campagne sur le thème du changement. «Ils n'avaient pas de programme et maintenant il faut qu'ils en mettent un sur pied, et comme ils ont une étroite majorité, ils ne pourront pas être très audacieux dans leurs propositions», souligne un professeur à Brown University. Pour l'heure, les nouveaux leaders ont seulement confirmé une poignée de priorités censées les occuper quelques semaines : relèvement du salaire minimum, nouvelle politique énergétique moins favorable aux grands du pétrole, lutte contre l'effet de serre, etc. Mais des propositions plus ambitieuses risquent de se heurter soit au veto présidentiel, soit aux divisions internes des démocrates qui réunissent des positionnements politiques très hétérogènes, de la gauche la plus libertaire à un centrisme proche du conservatisme.