Résumé de la 27e partie n Amin reçoit la visite de la confidente de Schamsennahar, qui lui apprend que l'émir des Croyants est averti de l'infidélité de sa favorite. Mais que pouvais-je dire de plus en face de la destinée ? Je me décidai donc à retourner chez Ali ben Bekar, bien que je l'eusse quitté depuis à peine quelques instants, et, sans lui donner le temps de me demander la moindre explication, je lui criai : «O Ali, il te faut absolument me suivre sur l'heure, ou la mort t'attend de la plus ignominieuse façon ! Le khalife, qui a tout appris, doit, à l'heure qu'il est, envoyer te faire saisir ! Partons, sans perdre un instant, et allons hors des frontières de notre pays, hors de la portée de ceux qui te recherchent !» Et aussitôt, au nom du prince, j'ordonnai aux esclaves de faire charger trois chameaux des objets les plus précieux et de vivres pour la route et j'aidai le prince à monter sur un autre chameau sur lequel, moi également, je m'assis derrière lui. Et sans perdre de temps, à peine les adieux du prince à sa mère furent-ils faits, que nous nous mîmes en route et prîmes le chemin du désert... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et s'arrêta dans les paroles permises. La nuit venue, elle reprit : ... nous nous mîmes en route et prîmes le chemin du désert. Or, toute chose écrite doit courir, et les destinées, sous n'importe quel ciel, ne peuvent que s'accomplir ! En effet, nos malheurs ne pouvaient que continuer et la fuite d'un danger nous jetait dans un danger pire encore ! En effet, comme nous marchions dans le désert vers le soir, et que nous étions en vue d'une oasis dont on voyait le minaret au milieu des palmiers, nous vîmes surgir soudain à notre gauche une troupe de brigands qui eurent bientôt fait de nous cerner. Et comme nous savions fort bien que le seul moyen pour avoir la vie sauve était de ne tenter aucune résistance, nous nous laissâmes désarmer et dépouiller. Et les brigands nous prirent nos bêtes avec toutes leurs charges et nous enlevèrent même les vêtements que nous portions sur nous, ne nous laissant sur le corps que la chemise ! Et alors ils s'éloignèrent sans plus s'inquiéter de notre sort. Quant à mon pauvre ami, il n'était plus qu'une chose entre mes mains, tant ces émotions répétées l'avaient anéanti ! Je pus tout de même l'aider à se traîner peu à peu jusqu'à la mosquée que nous apercevions dans l'oasis ; et nous y entrâmes pour passer la nuit. Là le prince Ali tomba sur le sol et me dit : «C'est ici que je vais enfin mourir, puisque Schamsennahar ne doit plus être en vie à l'heure qu'il est !» Or dans la mosquée, à ce moment-là, un homme faisait sa prière. Lorsqu'il eut fini, il se tourna vers nous et nous regarda un instant, puis s'approcha de nous et nous dit avec bonté : «O jeunes gens, vous êtes sans doute des étrangers et vous venez ici pour y passer la nuit ?» Je lui répondis : «O cheikh, nous sommes en effet des étrangers que les brigands du désert viennent de dépouiller complètement, ne nous laissant pour tout bien que la chemise que nous portons sur nous !» A ces paroles, le vieillard eut pour nous beaucoup de compassion et nous dit : «O pauvres jeunes gens, attendez-moi ici quelques instants, et je reviens à vous !» Et il nous quitta pour revenir peu après suivi d'un enfant qui portait un paquet, et le vieillard tira des vêtements de ce paquet et nous pria de nous en vêtir ; puis il nous dit : «Venez avec moi à ma maison où vous serez mieux que dans cette mosquée, car vous devez avoir faim et soif !» Et il nous obligea à l'accompagner à sa maison, où le prince Ali n'arriva que pour s'étendre sans souffle sur les tapis ! (à suivre...)