Résumé de la 13e partie n Abalhassan porte des nouvelles de Schamsennahar à son ami Ali ben Bekar, qui lui demande de rester avec lui. Abalhassan reprit : «Toi seul, parmi tous ceux-là qui pèsent sur ma vue, es fait pour comprendre ! Viens ! A toi je révélerai les secrets d'un cœur qui se garde jalousement !... Mais hâte-toi ! Verse-moi la cause d'allégresse, cette liqueur d'oubli, enfant aux joues plus douces que le baiser sur la bouche des vierges !» A ce chant, le prince Ali, déjà si faible, fut dans un tel état d'anéantissement, causé par les souvenirs intenses qui lui revenaient à la mémoire, qu'il se mit à pleurer de nouveau ; et Abalhassan ne sut plus que lui dire pour le calmer, et passa encore toute cette nuit-là à son chevet, à le veiller, sans fermer l'œil un instant. Puis, vers le matin, il se décida tout de même à aller ouvrir sa boutique qu'il négligeait fort depuis un certain temps. Et il y resta jusqu'au soir. Mais au moment où, ayant fini de vendre et d'acheter, il venait de faire rentrer les étoffes à l'intérieur et se disposait à s'en aller, il vit arriver, voilée, la jeune confidente de Schamsennahar qui, après les salams d'usage, lui dit : «Ma maîtresse vous envoie à toi et à ben-Bekar ses souhaits de paix et me charge, comme il était convenu, de venir prendre des nouvelles de sa santé ! Comment va-t-il ? dis-le moi !» Il répondit : «O gentille, ne m'interroge point ! Car vraiment ma réponse serait trop triste ! Car l'état de notre ami est loin d'être brillant ! Il ne dort plus ! Il ne mange plus ! Il ne boit plus ! Et il n'y a plus que les vers qui le tirent un peu de sa langueur ! Ah ! si tu voyais la pâleur de son teint !» Elle dit : «Quelle calamité sur nous ! Enfin, voici : ma maîtresse, qui n'est guère mieux, au contraire, m'a chargée de porter à son amoureux cette lettre que j'ai là, dans les cheveux. Et elle m'a bien recommandé de ne point retourner sans la réponse. Veux-tu donc m'accompagner chez notre ami, dont je ne connais guère la maison ?» Abalhassan dit : «J'écoute et j'obéis !» Et il se hâta de fermer la boutique et de marcher à dix pas en avant de la confidente qui le suivait... A ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète comme elle était, ne voulut pas prolonger le récit. Lorsque vint la cent cinquante-huitième nuit, elle dit : ... à dix pas en avant de la confidente qui le suivait. Et lorsqu'il fut arrivé à la maison de ben Bekar, il dit à la jeune fille, en l'invitant à s'asseoir sur le tapis de l'entrée : «Attends-moi ici quelques instants. Je vais d'abord m'assurer s'il n'y a point d'étranger !» Et il entra chez ben Bekar et lui cligna de l'œil. Et ben Bekar comprit le signe et dit à ceux qui l'entouraient : «Avec votre permission ! J'ai mal au ventre !» Alors ils comprirent et, après les salams, se retirèrent en le laissant seul avec Abalhassan. Or, sitôt qu'ils furent partis, Abalhassan courut chercher la confidente, qu'il introduisit. Et, à sa seule vue qui lui rappelait Schamsennahar, ben Bekar se sentit déjà considérablement ragaillardi, et lui dit : «O venue délicieuse ! Oh ! sois bénie !» Et la jeune fille s'inclina en le remerciant et lui remit tout de suite la lettre de Schamsennahar. Et ben Bekar la prit et la porta à ses lèvres, puis à son front et, comme il était trop faible pour la lire, il la tendit à Abalhassan, qui y trouva, écrits de la main de la favorite, des vers où toutes ses peines d'amour étaient contées dans les termes les plus touchants. Et comme Abalhassan jugeait que cette lecture mettrait son ami dans les pires états, il se contenta de lui en résumer le contenu en quelques mots fort jolis, et lui dit : «Je vais tout de suite, ô Ali, me charger de la réponse, que tu signeras !» (à suivre...)