Il y a deux ans, l'Entente de Sétif, en apprentissage dans cette Ligue des champions des clubs arabe, se faisait éliminer par cette même équipe d'Al-Ittihad de Djedda, futur vainqueur de l'épreuve. Cette élimination était restée en travers de la gorge du président Serrar et de tous les Sétifiens qui ne juraient depuis que d'un retour au premier plan et surtout de prendre une belle revanche sur le doyen des clubs saoudiens. Deux ans ont suffi à l'Entente pour remonter une machine qui gagne, qui domine le football algérien en ce début de saison, et aller titiller les grosses cylindrées de la balle ronde arabe. Et après avoir renversé une situation délicate (défaite à Khartoum 0-2 à l'aller et 3-0 au retour), face au Merrikh du Soudan, l'ESS n'est pas redescendue de sa planète pour accueillir Al-Ittihad de Djedda dans son fief du 8-Mai-45. Un match qui s'annonçait difficile, à la limite indécis, mais qui, au bout de quatre-vingt-dix minutes et quelques minutes additionnelles, a tourné à la démonstration de force. Hier, les poulains de Belhout ont sorti la grande artillerie pour venir à bout d'Al-Ittihad faisant étalage d'un football qui nous a rappelé la fameuse équipe sétifienne des années 1980 ou plus précisément celle de 1988 qui a décroché le titre africain de la Coupe des champions. Solidarité, état d'esprit conquérant, fluidité et volume de jeu consistant, des phases tactiques dignes des grandes équipes du continent, en deux mots : quand Sétif déroule son football, Djedda ne peut que s'écrouler. Du coup, c'est tout le football algérien qui retrouve des couleurs et pourquoi pas une petite locomotive qui pourrait le tirer vers l'avant. Hier, la victoire sétifienne n'était pas celle du score seulement, mais surtout celle de la manière. Avec une assurance tout risque nommé Hadjaoui, le gardien qui chauffait le banc du CR Belouizdad la saison dernière, aujourd'hui international numéro 3, une base arrière bien solide, un milieu royal où Keita, derrière, et Hadj Aïssa devant, rayonnent de match en match et une attaque qui crache le feu dans laquelle le rusé Bourahli est toujours là pour semer le doute chez l'adversaire, l'Entente est tout simplement irrésistible. En réalisant le carton parfait (4-1) devant un Al-Ittihad de taille, le club d'Aïn El-Fouara a déjà fait un grand pas pour le prochain tour, qui se déroulera en poules, et a forcé le respect de son adversaire à l'image d'un Abdenour Kaoua, l'Algérien et entraîneur des gardiens de but, qui s'en est allé féliciter ses compatriotes dans le vestiaire. L'Entente a donc montré la voie au troisième club de notre pays (MCA) engagé dans cette compétition au 1,5 million de dollars de récompense pour tenter d'en faire autant dès ce soir en Arabie saoudite face au Al-Nasr, une autre redoutable équipe qui peut, elle aussi, s'agenouiller devant le beau football comme celui prôné hier par l'Entente. Il suffit d'y croire.