Lors d'une table ronde consacrée aux «aménagements législatifs et réglementaires, leur applicabilité, leur effectivité», les juristes ont passé en revue l'ensemble des réaménagements apportés à l'applicabilité des lois sur le terrain. Abordant les transformations apportées au Code de la famille, après vingt années d'application, Me Nadia Aït Zaï, avocate et spécialiste dans le dossier de la famille et de l'enfance, relève que le Code de la famille reste dans sa globalité soumis au droit musulman classique. Pour l'oratrice, le texte continue à présenter beaucoup d'ambiguïtés. Par conséquent, il souffre encore des interprétations qui y sont faites. Cela dit, la loi de 2005 n'est pas parvenue à «émanciper totalement la femme algérienne, reconnaît-elle, quoique des dispositions aient été apportées pour améliorer sa situation. Et la plupart des lois méritent d'être dépoussiérées.» A titre d'exemple, Me Aït Zaï a cité l'exigence du certificat de virginité pour la conclusion du mariage alors que la loi parle «de certificat médical pour les deux époux». Selon l'oratrice, cela a fait que son application au niveau de l'état civil piétine à cause des interprétations, voire des convictions de chaque agent. Par ailleurs, Me Aït Zaï a évoqué la décision du ministère des Affaires religieuses qui interdit aux imams de réciter la Fatiha pour la célébration du mariage s'il n'y a pas eu au préalable mariage civil. D'après la conférencière, la Fatiha a fait beaucoup de «dégâts» qui se terminent souvent par un abandon de la femme et il n'y a aucune garantie de protection de ses droits. Pour sa part, Nadia Dridi, présidente du mouvement associatif des relations avec l'Union européenne, également invitée à prendre part à cette table ronde, a soulevé les problèmes des binationaux qui sont souvent confrontés à l'application des textes «notamment dans des situations conflictuelles», a-t-elle relevé. De con côté, Me Merouane Azzi a fait remarquer dans son intervention que le texte constitutionnel contient dans ses dispositions, l'Islam est religion d'Etat. «Il faut que les textes s'y s'inspirent quoiqu' il ne s'agisse en aucun cas de revenir aux archaïsmes du passé», a-t-il souligné.