Opinion n La nation musulmane devra renouer avec le soufisme pour faire face au risque du conflit identitaire qui marque l'époque actuelle. C'est ce q'a souligné, hier, l'expert international en soufisme, Zaïm Khenchelaoui. Invité au forum de la chaîne culturelle de la Radio nationale, M. Khenchelaoui a estimé que le soufisme «est la panacée la mieux indiquée pour une Nation musulmane menacée de sclérose et de dispersion d'esprit à l'ère de l'ignorance et du conflit identitaire». Seul à même de redorer le blason de l'Islam, terni par les manifestations de violence et d'intolérance, le soufisme est, pour l'expert international, «une pensée qui trouve ses fondements dans l'humilité, l'acceptation de l'autre quel qu'il soit et la conviction que la contradiction des éléments composant l'existence est chose naturelle». Citant les points forts de la pensée soufie qui l'érigent «en moyen unique pour régler les conflits humains», M. Khenchelaoui a estimé que le «soufisme, contrairement à ce qu'on lui reproche, ne s'oppose pas à la raison». «Le soufisme est une expérience physique et mystique qui permet à l'âme de se transcender et, partant, de se découvrir des facultés énormes à la faveur de l'introspection des fins fonds du corps dans une quête de la vérité absolue, du mystique», a-t-il expliqué. Remontant à la genèse du soufisme en Algérie, l'expert a rappelé que cette pensée trouve ses origines dans l'histoire séculaire de l'Algérie «creuset de plusieurs confréries soufies, telles Rahmania, Qadiria et Tidjania qui comptent des centaines de millions d'adeptes à travers le monde». «L'Algérie compte plus de 40 confréries soufies qui demeurent des foyers de rayonnement et un point focal pour les chercheurs en quête de transcendance de l'âme en s'abreuvant aux sources de cette pensée», ajoute M. Khenchelaoui. La rencontre a été l'occasion pour ce chercheur et expert de l'Unesco et de l'Isesco pour explorer les profondeurs du soufisme qui s'affirme dans toutes les pensées et tendances religieuses, citant dans la foulée une pléiade d'oulémas soufis de renom, tels Hassan Al-Basri, Abou Hamed Al-Ghazali, Ibn Sina, l'Emir Abdelkader et autres. l Il est à souligner que la troisième édition du colloque international sur le soufisme se tiendra du 10 au 12 décembre à Béjaïa sous le thème «Soufisme, culture, musique». Le directeur du Centre national de recherches en préhistoire, en anthropologie et en Histoire, Slimane Hachi, a indiqué lors d'une conférence de presse, hier à Alger, que le colloque, organisé par le centre, examinera trois principaux thèmes : «Les vertus du soufisme théorique» à la lumière de la pensée d'Essahrourdi, «la transition entre le soufisme théorique et le soufisme de la Tariqa» et enfin «l'émergence du soufisme de la Tariqa» à travers la présentation de modèles de cette doctrine en Afrique du Nord et de l'Ouest, en Turquie ainsi que dans la région des Balkans. Ces thèmes seront débattus par une quarantaine de chercheurs d'Algérie et de plusieurs pays, notamment de Tunisie, du Maroc, d'Iran, de France, d'Allemagne, de Bulgarie, de Chine, des Etats-Unis. L'organisation de la troisième édition du colloque international sur le soufisme a échu à la ville de Béjaïa qui, comptant plusieurs zaouïas, a été, à travers les siècles, «un centre de rayonnement culturel et scientifique, qui attirait des hommes de sciences spécialisés dans les différents domaines de la connaissance tels que les lettres, la jurisprudence et les mathématiques, qui affluaient de tous les coins du monde», a indiqué M. Hachi. Une ville algérienne est choisie chaque année pour accueillir le colloque international sur le soufisme organisé par le Centre national de recherche en préhistoire, en anthropologie et en Histoire.