L'alerte sérieuse de cette année, en raison du grand retard de la saison des pluies, impose une halte pour s'interroger s'il est normal que l'on soit encore, en 2006, à dépendre entièrement des conditions climatiques. L'Algérie, située dans une zone aride, dépend entièrement des pluies aussi bien pour ses réserves en eau potable que pour l'agriculture ou l'industrie. La crise de l'eau a marqué le quotidien des Algériens et leur culture. Nous avons tous fredonné la fameuse chanson «D'jal-ma, noud taâmar» (il y a de l'eau au robinet, lève-toi, il faut aller remplir). Tout le monde se souvient aussi du «scandale » qui a failli être provoqué par nos responsables en 2003 quand ils avaient projeté «d'acheter de l'eau aux pays européens». Cela aurait été une première dans le monde ! Depuis l'Indépendance, aucune politique claire n'a été élaborée pour garantir une sécurité en eau au pays. Les projets réalisés pour retenir les eaux de pluie, parfois abondantes, se comptent sur les doigts de la main et certains remontent à l'époque coloniale. 40 ans après, au début des années 2000, une alternative tardive et coûteuse a été trouvée : plusieurs projets de dessalement de l'eau de mer ont été annoncés. Des petites centrales sont déjà opérationnelles, ici et là. Mais la crise de l'eau persiste. Les autorités, habituées aux solutions de bricolage, trouvent toujours les mêmes parades qui pénalisent la population et qui prouvent leur échec, rationnement de l'eau potable, annonce de projets irréalisables pour rassurer l'opinion publique… Le spectre de la sécheresse, qui plane sur le pays, cette année, à cause du retard considérable des premières pluies, nous amène à nous poser la question qui revient sans cesse : «Jusqu'à quand serons-nous tributaires de pluies que nous n'arrivons pas à retenir et que nous gérons très mal ?»