Résumé de la 1re partie n Une jeune princesse achète des graines de douleur, qu'elle sème à sa fenêtre. La plante attire deux colombes qui détruisent les fleurs. Après avoir traversé toutes les pièces de la maison derrière les deux colombes, la princesse tomba dans une vaste salle où, à sa grande stupéfaction, elle retrouva tous ses bijoux et toute sa vaisselle répandus autour d'un magnifique jeune homme. Dominant son trouble, elle dit : «Ces bijoux et ces ustensiles sont miens : ces maudits oiseaux me les ont volés. Je viens reprendre mon bien. — Je ne te les rendrai que si tu consens à m'épouser», répondit le jeune homme d'une voix tranquille. Alors, elle se dit : «Je suis bien prise ; car je ne sais pas comment retourner auprès des miens, et puis, si je retournais, mon père me gronderait et tous riraient de mon aventure en me traitant de folle. Donc, mieux vaut pour moi que je demeure ici. D'ailleurs, je ne perds rien à épouser ce jeune homme : il a belle apparence et semble bien né. De plus, je rentrerai en possession de mes affaires.» La princesse accepta donc d'épouser le jeune homme. lIs se marièrent et vécurent heureux jusqu'au jour où un pigeon voyageur apporta une lettre à la maison. Comme son mari se trouvait momentanément absent de la maison, la princesse, qui était curieuse de nature, ne put s'empêcher d'ouvrir la lettre et de la lire. Elle venait de la part de la cousine de son époux : la fille, que la princesse ne connaissait pas, rappelait à son cousin qu'elle était sa promise et lui reprochait avec amertume de l'avoir négligée ; elle disait aussi qu'elle était en route et qu'elle arriverait bientôt à la maison pour célébrer enfin leur mariage. Ces nouvelles emplirent la princesse de tristesse et de désespoir. A la pensée de se voir contrainte de partager son mari avec une autre femme, elle souhaita mourir tout de suite et descendit dans le jardin pour accomplir son projet. Elle erra longtemps d'un arbre à l'autre. «Figuier, j'ai envie de mourir, penche un peu ton toupet vers moi que je puisse monter sur ta plus haute branche. — Passe ton chemin, fille : je ne puis faire une telle chose, car je donne mes fruits aux hommes et je crains Dieu. — Amandier, j'ai envie de mourir, penche ton toupet vers moi que je puisse monter sur ta plus haute branche. — Passe ton chemin, fille : je ne puis faire une telle chose, car je donne mes fruits aux hommes et je crains Dieu. — Pommier, j'ai envie de mourir, penche un peu ton toupet vers moi que je puisse monter sur ta plus haute branche. — Passe ton chemin, fille : je ne puis faire une telle chose, car je donne mes fruits aux hommes et je crains Dieu.» Tous les arbres donnant des fruits comestibles refusèrent de l'aider à mourir. Excédée, elle interpella durement le genévrier : «Genévrier, toi qui ne laisses dans la bouche qu'amertume, baisse ta tête que je monte sur ta plus haute branche.» Et le genévrier de répondre : «Puisque tu me le demandes, monte sur ma plus haute branche : moi, je ne donne pas mes fruits aux hommes et je ne crains pas Dieu.» (à suivre...)