Epopée n Une belle histoire… Des princesses enlevées et séquestrées qu'un beau jeune prince promet de délivrer… Il y avait un sultan qui possédait dans son jardin un pommier extraordinaire. Ce pommier était cher au cœur du sultan car il donnait des pommes d'une rare qualité, vermeilles et aussi grosses qu'une tête d'homme. Or, chaque année, dès qu'elles parvenaient à maturité, avant même que le sultan ne pensât à les cueillir, I'ogre arrivait et les dérobait. C'était un ogre terrifiant qui ne se manifestait que précédé et suivi d'une tornade. Le sultan était au comble du désespoir, car il ne savait comment défendre ses merveilleuses pommes. Il était vieux et ses gens n'avaient pas beaucoup de bravoure pour affronter l'ogre. Quand ses trois fils devinrent grands, ils se chargèrent, à leur tour, de la garde du pommier. Et c'est ainsi que, une nuit, le plus jeune d'entre eux, qui était aussi le plus vaillant, déchargea son fusil sur le terrible voleur. Blessé, l'ogre s'enfuit. Au matin, les trois frères suivirent les traces de sang laissées par l'ogre. Après trois jours de marche, ils arrivèrent au sommet d'une montagne percée d'un cratère. Comme ni l'un ni l'autre de ses aînés ne voulaient descendre dans le trou, le jeune prince se proposa pour tenter l'aventure. Il se noua une corde autour de la taille et dit à ses frères : «Je vais descendre. Mais, quand la corde ne sera plus tendue, attachez-la à cet arbuste que vous voyez. Ainsi, lorsque vous le verrez bouger, ce sera le signal pour me remonter.» Le jeune prince entreprit la descente et bientôt toucha le fond du cratère. Il se retrouva, à sa grande surprise, devant un immense château, isolé sur une terre qui s'étendait à perte de vue. L'enceinte du château était d'une hauteur vertigineuse et ne présentait aucune ouverture en guise de porte. Mais en en faisant le tour, le jeune homme découvrit une longue échelle adossée à la muraille. Sans l'ombre d'une hésitation, il l'escalada et pénétra ainsi dans le mystérieux château. Dès qu'il fut dans la cour, trois jeunes femmes aussi radieuses que le soleil accoururent à sa rencontre pour lui souhaiter la bienvenue. C'étaient trois princesses, ravies par l'ogre à leurs familles. L'ogre les avait ensuite épousées de force. Elles étaient très malheureuses de vivre en pareille compagnie, dans un endroit aussi retiré. La première s'appelait la Dorée ; la deuxième, l'Argentée ; la troisième, la Cuivrée. «Je tuerai l'ogre et je vous délivrerai», leur dit le jeune prince. Peu de temps après, l'ogre rentra, et le jeune prince le provoqua en duel. L'ogre releva le défi et alla remplir deux bassins de couscous et deux autres d'eau. «Vois-tu tout ce couscous et toute cette eau ? Chacun de nous deux aura un bassin de couscous à manger et un bassin d'eau à boire. Celui qui finira le premier disposera à son gré de l'autre.» Aussitôt après ces paroles, l'ogre se jeta sur sa part, avalant le couscous par louchées et lapant l'eau à grands coups de langue. Quant au jeune prince, qui n'avait pas l'habitude de telles portions, il s'approcha timidement de sa part et, après avoir mangé une cuillerée de couscous et bu une gorgée d'eau, leva les yeux au ciel pour invoquer le concours d'Allah et des anges du paradis. (à suivre...)