Résumé de la 40e partie n Souad fait des confidences à Mohamed : à cause d'une promesse faite à son grand-père, elle est obligée d'épouser son cousin. Son propre frère a, en échange, épousé sa cousine. Il répète, avec une certaine violence, qui effraye Souad : — Vous croyez être la seule à souffrir ! Il pousse un soupir puis retient son souffle, comme s'il avait des difficultés à respirer. — Vous croyez être la seule à souffrir ? Eh bien moi, je souffre le martyre depuis plusieurs mois, je ne suis libre ni de mes mouvements ni de mes paroles, la vie est devenue un enfer pour moi, n'étaient mes enfants, je serais parti ! Souad le regarde, épouvantée. Elle ne pensait pas qu'il pouvait y avoir tant de violence en lui... Un homme qui lui a toujours paru gentil et réservé. — Tu sais ce que c'est que de rentrer chaque soir à la maison, en pensant que des paroles hargneuses vont t'accueillir au seuil de la porte ? Sans prendre garde, il l'a tutoyée. — Tu sais ce que c'est que d'être accusé d'un mal que tu n'as pas fait, être tenu pour responsable d'un accident qui ne dépend pas de ta volonté ? Il secoue la tête. — Tu... tu... Il se rend alors compte qu'il la tutoie. — Excusez-moi de vous tutoyer... — Ce n'est pas grave, dit-elle. — Alors, si vous n'y voyez pas d'inconvénient, nous allons nous tutoyer... Ma vie est un enfer quotidien, je te dis... — Votre femme ? — Oui, ma femme ! Je t'ai déjà dit qu'elle a perdu l'usage de ses jambes dans un accident de la circulation. Comme c'est moi qui conduisais et que je faisais, ce jour-là, de la vitesse. Elle me rend responsable de ce qui lui est arrivé ! — C'est terrible, dit la jeune femme. — Oui, terrible d'être tout le temps accusé, culpabilisé... Il s'arrête comme pour souffler, puis reprend : — Mais il n'y a pas que les accusations : il y a aussi les soupçons... — Les soupçons ? s'étonne Souad. — Oui, elle me soupçonne de vouloir l'abandonner, d'avoir des maîtresses! Souad baisse la tête, honteuse. — Je m'excuse de parler ainsi, mais c'est la vérité... Hier, quand je l'ai appelée, elle voulait connaître le nom exact des collègues qui m'accompagnent, elle veut savoir s'il y a des femmes avec moi... Souad baisse la tête, honteuse. — Si je vous ai raconté tout cela, c'est pour vous montrer que vous n'êtes pas seule à souffrir. Il y a des gens qui souffrent autant si ce n'est plus que vous ! Il s'est remis à la vouvoyer. Il lui prend de nouveau la main. — Il faut savoir résister aux pressions, il ne faut pas céder au découragement ! (à suivre...)