Le moment fort pendant la rencontre UGTA-patronat autour des salaires était lors de la signature des conventions de branches d'où l'Ugta est sortie vainqueur. «L'ère des salaires en miettes est révolue, nous avons obtenu gain de cause sur l'augmentation pour toutes les entreprises publiques», clamait haut et fort un orateur syndicaliste bien connu. Le patronat, méfiant au départ, commençait à admettre la réalité des déperditions des cadres dans le secteur public faute de rémunérations correctes. En 2006, 34 conventions de branches concernant le secteur économique public et privé ont été signées entre le patronat et l'Ugta avec comme arbitre l'Etat qui fournissait le chiffre de 98 milliards de dinars comme coût de l'opération. S'ensuit automatiquement une revalorisation entre 8 et 15 % des revenus. Quant aux entreprises fortement déstructurées, une issue de secours leur a été offerte : les salaires impayés seront pris en charge par l'Etat. «Nous avons fait le maximum»,remarque Lakhdar Badredine qui estime que la partie n'est pas encore gagnée totalement. Il reste à impliquer davantage le secteur privé dans les décisions de revalorisations salariales. «Les salariés du secteur privé ne sont pas des laissés-pour-compte», avait déclaré Sidi Saïd à l'endroit des différentes associations patronales. L'idée véhiculée de salaires mirobolants dans la plupart des entreprises privées est un mythe selon des syndicalistes. Preuve qu'une enquête conduite par le ministère du Travail en 2005 fait ressortir «un tassement de salaires dans certaines branches». Néanmoins «le secteur privé profite au libéralisme économique pour éviter de discuter publiquement des conditions des salaires», avoue un des syndicalistes de l'Ugta.