Témoignage n Nadia, une garde malade, rapporte les conditions d'hygiène dans cette clinique publique à Alger, ou le personnel d'entretien est sollicité pour des gestes paramédicaux. Elle raconte : «J'ai passé une nuit avec ma parente, dans le service femme de neurologie. Ce qui m'a le plus frappée, c'est la présence en permanence des femmes de ménage. L'odeur de l'eau de Javel se confond à l'air ambiant.» Les allers et retours de la femme de ménage, entre les chambres et ce qui fait office de cuisine ainsi que les sanitaires sont incessants. Néanmoins, Nadia dira: «Il est vrai que ces femmes font leur travail, mais elles ne se contentent pas du nettoyage du sol et des sanitaires. Elles sont sollicitées même en cas de besoin de sérum ou de n'importe quel geste paramédical.» Nadia dit avoir été étonnée de voir la femme de ménage qui, à quelques minutes d'intervalles, tenait une serpillière puis venait vérifier le sérum de la voisine de chambre de sa tante, une jeune adolescente de l'intérieur du pays, dont l'état était assez délicat. Elle venait tout juste de se faire opérer de la tête. Nadia a posé la question, alors, à la femme de ménage : «Vous êtes infirmière ? » La jeune femme a répondu : «Non, mais l'infirmière est allée manger.» Nadia n'en revenait pas. Les exemples de ce type ne manquent pas. Nadia en a vu de toutes les couleurs cette nuit-là avec sa tante. Celle-ci n'a d'ailleurs pas voulu «une hospitalisation prolongée. Elle a supplié le médecin de la laisser sortir le lendemain.» La nuit, les malades avaient pour compagnie les moustiques. La garde-malade de l'adolescente a rapporté que «maintenant, ça va mieux car ils ont mis des moustiquaires aux fenêtres pour empêcher leur invasion. Avant, on ne pouvait pas dormir toute la nuit.» La moustiquaire, en question, est un simple filtre vert perforé qui empêche le passage des moustiques. Nadia a été, également, surprise de voir le même personnel s'occuper de la literie et de l'alimentation. A ce propos, elle rapporte un fait qui l'a choquée : tout le monde trouvait que «mettre du pain sur un meuble non désinfecté, est chose tout à fait normale. J'ai été sidérée par ce spectacle et les pauvres malades ainsi que leurs gardes-malades le consommaient». Car elles n'avaient nullement le choix. Pourtant, l'alimentation et la literie sont interdites par l'ordonnance n°3, de juin 2006, du ministère de la Santé et de la Réforme hospitalière. Elle a, aussi, noté que «les draps et les traversins étaient d'une propreté douteuse». Nadia a appris par l'autre garde-malade qu'«ici, il n'y a pas de possibilité de prendre une douche». «Les gardes-malades lavent leur linge dans les sanitaires et viennent l'étendre à la fenêtre de la chambre où était admise ma tante. Comment peut-on parler d'hôpital», s'est-elle interrogée. «En fait, les gardes-malades sont là pour surveiller le malade pour que le personnel hospitalier passe la nuit tranquillement», conclut la jeune femme excédée.