Résumé de la 5e partie n Alors que l'assassin se repose après son forfait, nous voilà plongés dans le quotidien de Neeve, une styliste renommée, qui vit à New York avec son père, Myles Kearny. Aujourd'hui, l'édredon, les coussins et la garniture à volants du lit étaient d'un blanc immaculé, la méridienne capitonnée de neuf recouverte d'un velours turquoise, en harmonie avec la bordure du tapis ; les murs blancs mettaient en valeur les gravures et tableaux délicats qui lui venaient de la famille de sa mère. Le Women's Wear Daily l'avait photographiée dans cette chambre qu'ils avaient qualifiée de pièce d'une élégance pleine de gaieté, où se reconnaissait le goût unique de Neeve Kearny. Neeve glissa ses pieds dans les pantoufles matelassées que Myles traitait de chaussons et releva le store. Elle décréta qu'il n'était pas besoin d'être grand clerc pour annoncer qu'il s'agissait d'une grosse tempête de neige. Sa chambre, dans Schwab House, Soixante-quatorzième Rue et Riverside Drive, donnait directement sur l'Hudson, mais ce matin, Neeve pouvait à peine distinguer les buildings de l'autre côté du fleuve, dans le New Jersey. La voie express Henry-Hudson était couverte de neige et déjà encombrée de voitures qui roulaient au pas. Les courageux banlieusards avaient pris, à l'aube, la route pour venir en ville. Myles était déjà dans la cuisine et avait préparé le café. Neeve l'embrassa sur la joue, préférant ne pas remarquer sa mine fatiguée, signe qu'il avait à nouveau mal dormi. Si seulement il acceptait de prendre un somnifère de temps en temps, pensa-t-elle. «Comment va la Légende ?» lui demanda-t-elle. Depuis qu'il avait pris sa retraite, l'année précédente, les journaux parlaient constamment de lui comme du «Légendaire préfet de police de New York». ?a le mettait en rage. Il négligea la question, lui jeta un coup d'œil et prit l'air étonné. «Ne me dis pas que tu renonces à ton tour de piste dans Central Park ? s'exclama-t-il. Qu'est-ce que trente centimètres de neige pour l'intrépide Neeve ?» Pendant des années, ils avaient fait du jogging ensemble. Maintenant qu'il ne pouvait plus l'accompagner, il s'inquiétait de la voir partir courir tôt le matin. De toute façon, elle le soupçonnait de toujours se tourmenter à son sujet. Elle prit le pichet à orangeade dans le réfrigérateur, en versa d'office un grand verre pour lui, un petit pour elle, et commença à faire griller les toasts. Autrefois, Myles aimait prendre de solides petits-déjeuners, mais le bacon et les œufs lui étaient maintenant interdits, ainsi que le fromage et le bœuf et, comme il le faisait remarquer, «la moitié de la nourriture qui vous donne envie de manger». Une grosse attaque cardiaque l'avait obligé à un régime sévère, tout en mettant fin à sa carrière. Ils restèrent assis dans un agréable silence, parcourant la première édition du Times. Mais lorsqu'elle leva les yeux, Neeve se rendit compte que Myles ne lisait pas. Il fixait le journal sans le voir. Le toast et le jus de fruit étaient intacts devant lui. Il avait seulement trempé ses lèvres dans son café. Neeve reposa la deuxième partie du journal. «Allons-y, dit-elle. Dis-moi tout. Est-ce parce que tu te sens mal fichu ? Pour l'amour du ciel, j'espère que tu es assez intelligent pour ne pas jouer celui qui souffre en silence.» (à suivre...)